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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/13

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Bosra parle dans le prophète Isaïe : « J’ai foulé seul le pressoir, et il n’y a pas avec moi un seul homme des nations. » Mais comme, d’autre part, il s’en trouve parmi les étrangers et d’autres – la contrée des étrangers compte bien des pays et des villes – dont les œuvres mauvaises et les sentiments contraires à Dieu disent : « On a détruit nos œuvres, mais nous reviendrons et nous relèverons tout ce qui a été renversé », voilà pourquoi ils sont appelés les terres d’impiété et le peuple contre lequel le Seigneur est irrité. Il leur est dit : « Vous qui êtes dans Bachis, gardez-vous de provoquer la dérision au sujet de votre maison. » Bachis, dans notre langue, signifie « plainte » et « pleur » ; tous, en réalité, excepté les Septante, ont traduit χλαυθμὀν, c’est-à-dire « pleur. » Vous donc qui êtes dans ce genre d’œuvres et de pensées dignes de larmes, n’élevez pas de construction perverse, et ne regardez point votre sentiment comme étant l’édification de Dieu ; ne bâtissez pas sur le sable, de peur qu’au moment de la tempête votre maison ne croule et que l’inutilité de votre travail ne provoque le rire des spectateurs. Bien plus, comprenant que votre construction n’est digne que de moquerie, couvrez vos têtes de ses ruines et de sa poussière et faites pénitence de ce que, en dehors de tout conseil, vous avez voulu bâtir une maison qui doit tomber. Vient ensuite : « Celle qui habite bien dans ses villes, n’est point sortie celle qui habite Senna. » En voici le sens, me semble-t-il : Vous qui vous enorgueillissez dans Geth et dans Bachis, vainement vous mettez vos efforts à construire une maison dérisoire ; couvrez-vous de poussière et faites pénitence, parce que vous avez voulu presser un vin détestable et élever un édifice opposé à Dieu. Mais celle qui habite bien l’Église du Christ possède des Églises dans tout l’univers, est dans l’unité de l’esprit, a les villes de la loi, des Prophètes, de l’Évangile et des Apôtres, et n’est point sortie de ses terres, c’est-à-dire des saintes Écritures, mais garde ce dont elle est déjà en possession, parce qu’elle habite dans Senna, que Symmaque, comme nous l’avons déjà dit, traduit par abondance. Elle a, en effet, pour partage, le Père et le Fils et le Saint-Esprit, avec qui se trouvent toutes les grâces spirituelles et l’abondance des vertus. Aussi lui est-il dit : « Que la paix règne sur vos remparts, et l’abondance dans vos tours. » Psa. 121, 7. Quant à vous qui habitez auprès de Senna, c’est-à-dire auprès de cette Église où est l’abondance, ô hérétiques, ô doctrines opposées, poussez des plaintes sur vous-mêmes, parce que vous avez bâti une maison pour la dérision et foulé le pressoir pour l’orgueil, et ce n’est point sur le sol des Écritures, mais dans leur voisinage que vous avez bâti votre demeure, et ce n’est plus le rire qu’elle mérite, mais les larmes et les