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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/147

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assujetti tout ce qui vole, fond sur sa proie pour la dévorer. Le souffle d’un vent brûlant rend sèche toute verdure ; de même leur présence portera partout la dévastation. Le nombre des captifs et la quantité du butin seront si considérables, qu’on peut dire hyperboliquement qu’ils égaleront les grains de sable de la mer. Le prince lui-môme, Nabuchodonosor, régnera surtout l’univers, il poussera les rois au-devant de son char de triomphe en se riant d’eux, et il les regardera comme ses passe-temps. Sa puissance et son orgueil seront si grands, qu’il prétendra dompter la nature, et prendre parla force des armes les villes les mieux fortifiées. Ainsi, il viendra à Tyr, et jetant une levée de terre dans la mer, il fera d’une île une presqu’île ; 5 une langue de terre lui fournira à travers les flots l’entrée de la ville. C’est pourquoi il se rira de toute fortification ; il fera établir une levée, et il la prendra, ou la forteresse ou Tyr ; c’est ce qui est clairement attesté dans ce passage d’Ézéchiel : « Nabuchodonosor, roi de Babylone, a assujetti toute son armée à un grand travail contre Tyr ; toutes les têtes sont devenues chauves, toutes les épaules ont été écorchées, et aucun salaire n’a été payé, ni à lui, ni à son armée pour sa fidélité à accomplir mon ordre contre Tyr. » [1]. Or, lorsqu’il aura fait jeter ce mole et que rien ne pourra s’opposer à ses forces, son esprit sera changé en orgueil : il se croira Dieu, et il élèvera dans Ba bylone une statue d’or, qu’il obligera tous les peuples d’adorer. Après eet acte, il passera à la forme de la bête, et ensuite il tombera, ou d’après Aquila et Symmaque « il faillira », l’Écriture ayant coutume de mettre le mot Vasam, il faillira, dans le sens de « il cessera d’être. » Notre langue a quelque chose d’approchant dans : « L’armée a été battue », pour : « Passée au fil de l’épée et massacrée ; » et encore dans : « La vigne et le champ ont fait défaut », pour : « La vendange et les fruits de la terre n’ont pas eu un heureux accroissement. » Quant au trait de la fin : « Voilà la force de son Dieu », c’est une ironie qu’il faut lire avec ce sens : Voilà cette force que lui avait donnée Bel, son dieu, au culte de qui il contraignait tous les peuples, même par édit et en appuyant avec, cruauté son injonction de menaces de mort. Voilà pour Te texte hébreu ; venons maintenant aux Septante, et, après avoir cité chaque point, adoptons le sens figuré.

« Voilà que je vais susciter les Chaldéens, nation pleine d’amertume et très-agile, qui marche par toute la terre, pour s’emparer des demeures qui ne lui appartiennent pas. » Dieu menace de susciter contre ses contempteurs, qui calomnient sa providence, les Chaldéens, dont le nom veut dire « comme des démons. » Il désigne par là, soit les anges mauvais qui servent

  1. Eze. 29, 18