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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/181

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peut lire d’après les Septante : « Seigneur, vos œuvres, au milieu de deux animaux, vous serez connu ; » comme cela paraissait inintelligible, on y a joint, « j’ai contemplé et j’ai été étonné. » Or, nous lisons dans l’hébreu : Adonaïs, Seigneur ; rhalach, votre œuvre ; baeereb, au milieu ; sanim, des années ; heieu, vivifiez-la. Je dis cela pour qu’on reconnaisse que ce qui est de plus a été ajouté dans les Septante. Les Hébreux interprètent ainsi ce passage selon la lettre : « Seigneur, j’ai entendu ce que vous avez fait entendre, et j’ai été frappé de crainte. » J’ai entendu quels châtiments vous avez préparés à Nabuchodonosor et au diable, à qui vous avez dit : « Malheur à celui qui multiplie dans ses trésors ce qui ne lui appartient pas ! » [1] ; et, en second lieu : « Malheur à celui qui amasse pour sa maison les fruits d’une avarice criminelle ! » Ibid. 9 ; et puis : « Malheur à celui qui bâtit une ville dans les meurtres, et qui en prépare les matériaux dans l’iniquité ! » [2] ; et encore : « Malheur à celui qui mêle son fiel au breuvage qu’il donne à son ami et qui l’enivre ! » [3] ; et enfin : « Malheur à celui qui dit au bois : Réveillez-vous, et à la pierre muette : Levez-vous ! » [4] Et comme j’ai été saisi d’épouvante de ce que le grand dragon doit être percé de si terribles blessures, je vous conjure, Seigneur, d’accomplir ce que vous avez promis, et, le temps étant fini, de nous rendre votre Christ. Vous avez dit que cette vision était encore loin, et qu’elle apparaîtra à la fin, et qu’elle ne sera pas mensongère. Donnez donc la vie â ce que vous avez promis, c’est-à-dire, accomplissez votre promesse ; que ce que vous avez dit ne l’ait pas été en vain et ne soit pas lettre morte, et réalisez-le dans l’évènement. Cette prophétie, d’après notre traduction, peut aussi s’entendre de la résurrection du Sauveur : il est mort pour nous, il s’est levé d’entre les morts et il est ressuscité. Mais, d’après les Septante, le sens est tout autre, et nous devons aussi donner le commentaire de la version de la Vulgate.

Seigneur, j’ai entendu votre parole dans les Écritures, et comme vous m’avez donné cette oreille dont parle Isaïe : « Le Seigneur a ouvert en moi une oreille pour entendre », [5], j’ai écouté votre parole comme vous voulez qu’elle soit écoutée. J’ai considéré vos œuvres avec le plus grand soin, de peur qu’on ne pût me reprocher d’être de ceux qui n’arrêtent pas leur regard sur les œuvres du Seigneur et qui n’ont aucune attention pour les ouvrages de ses mains, et, d’après les créatures, j’ai compris le Créateur ; devant les merveilles que vous avez faites et que vous opérez chaque jour dans l’univers, je suis demeuré muet d’étonnement, et,

  1. Hab. 2, 6
  2. Id. 12
  3. Id. 15
  4. Id. 19.
  5. Isa. 1, 5