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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/186

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s’éloigne de moi ; » [1] ; et sur la croix môme : « Mon Père, je remets mon esprit entre vos mains », [2].

Sur ce qui est dit dans la version des Septante : « Sa vertu a couvert les cieux », nous devons remarquer que ce qui est couvert est moindre que ce qui le couvre, à la condition qu’il le couvre en entier, et non pas en partie seulement. Puis donc que la vertu de Dieu couvre les cieux, cette vertu est plus grande que les cieux qui en sont couverts. Or, nous avons vu souvent dans l’Écriture que les cieux, ce sont ceux qui portent l’image de l’homme céleste et qui racontent la gloire de Dieu. Quant à la vertu de Dieu, elle n’est autre que le Sauveur, l’Apôtre le prouve : « Jésus-Christ est la vertu de Dieu et la sagesse de Dieu. » [3]. Cette vertu est comme la mère de toutes les vertus particulières ; ainsi, elle s’appelle vertu, sagesse, force, Justice, tempérance, vérité, sainteté, rédemption ; car Jésus-Christ « nous a été donné de Dieu pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption. » [4]. Ces vertus particulières, dans lesquelles se montre Jésus-Christ, selon l’avancement de ceux qui le reçoivent comme sagesse, ou comme force, ou comme justice, et le reste, sont contenues dans la vertu générale de Dieu, c’est-à-dire dans le Sauveur ; et de cette manière nous comprenons, au sujet de la terre, que ceux qui d’abord, à cause de l’image de l’homme terrestre, étaient appelés terre, et à qui il était dit : « Vous êtes terre, et vous irez dans la terre », [5], ont été, à la venue du Sauveur, remplis de la louange du Seigneur. Or, lorsque les cieux auront été couverts de la vertu de Dieu, c’est-à-dire protégés et vêtus de toutes parts, et que toute la terre aura été remplie de la louange de Dieu, alors son éclat resplendira comme la lumière. L’Apôtre, encore sur ce point, no nous cache pas que le Dieu Sauveur est l’image de Dieu et la splendeur de sa gloire, lui qui, après nous être apparu splendeur de la gloire de Dieu,[6] est retourné à sa majesté première. « Si nous avons connu Jésus-Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette sorte », [7], mais selon l’esprit, parce que, « rien n’ayant été fait sans lui, en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. » [8], 4. C’est ce que le Sauveur montre plus ouvertement dans l’Évangile, par ces paroles : « Mon Père, glorifiez-moi maintenant de cette gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fût ; » [9] ; en sorte qu’après l’ascension aux cieux, la splendeur soit ce qu’est la lumière, c’est-à-dire, le Fils ce qu’est le Père.

Quant à ce qui suit : « Les cornes sont dans ses mains », les Écritures ont coutume d’employer souvent le mot « cornes » dans le sens

  1. Id. 39
  2. Luc. 23, 46
  3. 1Co. 1, 24
  4. 1Co. 1, 30
  5. Gen. 3, 19
  6. Heb. 1, 1
  7. 2Co. 5, 16
  8. Jn. 1, 3
  9. Jn. 17, 5