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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/191

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arc, accomplissant les promesses que vous avez faites aux tribus. Toujours. » [1]. Les Septante : « Est-ce donc, Seigneur, que vous êtes irrité contre les fleuves ? votre fureur s’exercera-t-elle sur les fleuves, et votre choc contre la mer ? vous qui montez sur vos chevaux, et dont la cavalerie donne le salut ; vous préparerez et vous banderez votre arc contre les sceptres, dit le Seigneur. Diapsalma. » Au lieu du « diapsalma » des Septante et du « toujours » d’Aquila, les autres interprètes ont traduit comme précédemment. Gomme j’ai hâte d’arriver au sens figuré, je vais embrasser en peu de mots le sens littéral du contexte, pour courir au reste. Gomme lorsque vous séchâtes le Jourdain et la mer Rouge pour combattre pour nous, car vqus ne sauriez être irrité contre les fleuves ou contre la mer, et des êtres insensibles n’ont pu faire rien d’offensant contre vous, montant maintenant sur vos chars de guerre et saisissant votre arc, vous donnerez le saint à votre peuple, et les serments que vous avez faits à nos pères et aux tribus, vous les accomplirez à jamais.

Lorsque la prophétie dit : Est-ce donc, Seigneur, que vous êtes irrité contre les fleuves, ou que votre fureur éclatera sur les fleuves, ou votre courroux sur la mer ? elle le dit du ton du doute, et avec l’intention plutôt de quelqu’un qui interroge que de quelqu’un qui prouve. C’est qu’il y a des fleuves bons et des fleuves mauvais ; il y a une mer mauvaise et une mer bonne. Voici un exemple des fleuves bons : « Le cours rapide d’un fleuve répand la joie dans la cité de Dieu ; » [2] ; et c’en est un autre, lorsqu’il est dit que des fleuves d’eau, rejaillissant jusque dans la vie éternelle, couleront du sein de quiconque boit de l’eau du Seigneur. [3]. Ce que Pharaon dit dans Ézéchiel est un exemple des fleuves mauvais : « Les fleuves sont à moi, et c’est moi qui les ai faits ; » [4] ; et il en est de même de tous les fleuves qui sont habités par le dragon. Pour la mer, elle peut être prise en bonne part, la preuve en est dans le psaume vingt-trois, qui dit de l’Église, sous la figure du monde habité : « C’est au Seigneur qu’appartient la terre et tout ce qu’elle contient, la terre et tous ceux qui l’habitent ; car c’est lui qui l’a fondée au-dessus des mers et établie au-dessus des fleuves. » On ne peut assurément qu’entendre en bonne part les fleuves et la mer au-dessus desquels elle a été fondée et établie par le Seigneur. Et encore dans ce témoignage au sujet de la vigne qui a été transportée d’Égypte : « Vous avez étendu ses rejetons jusqu’à la mer et ses provinces jusqu’aux fleuves », [5], je pense que les mots « mer et fleuves » doivent y être pris en bonne part. J’estime donc que les fleuves, ce sont les paroles divines qui sont les plus claires, et qui offrent leurs eaux, pour ainsi dire, à ceux qui ont soif ; on appelle mer, au contraire,

  1. Hab. 3, 8-9
  2. Psa. 45, 4
  3. Jn. 4, 1
  4. Eze. 19, 1
  5. Psa. 79, 12