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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/192

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dans les Écritures, celles qui sont pleines de mystères et qui sont profondes, celles au sujet desquelles le Prophète a dit : « 0 profondeur de la sagesse et do la science de Dieu ! » [1] ; à quoi le Prophète fait écho : « Du plus profond de l’abîme, j’ai crié vers vous, Seigneur. » [2]. Je dis cela pour montrer qu’on peut prendre le mot « mer « en très bonne part. D’un autre côté, les exemples du mot « mer », pris en mauvaise part, abondent, et de ce nombre est celui du psaume cent trois : « Dans cette mer si grande et d’une si vaste étendue, se trouve un nombre infini de grands et de petits animaux ; c’est là que les navires passeront ; là se promène ce dragon que vous avez formé pour s’y jouer.[3]. De même, dans l’Évangile, lorsque le Sauveur réprimanda les vents et la mer, et qu’il dit à celle-ci : « Taisez-vous, rentrez dans le silence ; » [4] ; car tout ce qui est réprimandé est mauvais, selon cette maxime de Zacharie : « Que le Seigneur te réprime, ô Satan ; » [5] ; et le précepte de l’Apôtre à Timothée : « Reprenez, consolez, réprimandez. » [6]. Par conséquent, lorsque le Prophète demande : Est-ce donc, Seigneur, que vous êtes irrité contre les fleuves, et que votre fureur s’exercera contre les fleuves et votre courroux contre la mer ? disons que, s’il s’agit des fleuves d’Égypte et de la mer Rouge et sanglante, le Seigneur s’irrite, en effet, contre eux ; il les frappe, il fond de toute l’impétuosité de son courroux sur les gouffres qui se soulèvent contre la science divine.

C’est ainsi que la mer Ta vu et elle a fui, [7], ne pouvant soutenir sa présence, et que le Jourdain est retourné en arrière, saisi de crainte en voyant la gloire du peuple qui le traversait, ou d’Élie et d’Elisée ouvrant ses eaux. Je m’explique plus clairement : l’éloquence des hérétiques qui coule contre la vérité et l’Église, voilà les fleuves contre lesquels s’exerce la colère du Seigneur ; et les âmes de ceux qui, agités et entraînés en tous sens au vent de toute doctrine, flottent sans cesse au gré des mauvaises passions et sont écrasés dans les gouffres amers, voilà la mer sur laquelle le Seigneur agit avec impétuosité, afin qu’elle sente sa venue, qu’elle comprenne quelles limites et quelle barrière l’enferme, et qu’elle s’entende dire : « Vos flots se briseront en vous. » Mais si les fleuves sont bons, Jésus se lave dans leurs eaux, et si la mer est bonne, c’est sur elle qu’il établit son Église.

Le texte dit ensuite : « Vous qui montez sur vos chevaux, et qui donnez le salut par eux. » Je me demande quels sont ces chevaux sur lesquels monte le Seigneur ; ce sont, à mon avis, les âmes des saints, sur lesquelles monte la parole divine, et pour les sauver elles-mêmes, et sauver les autres par elles, donnons des exemples de ces chevaux. L’époux s’exprime ainsi dans le Cantique des Cantiques : « O ma bien-aimée, je vous compare à mes beaux chevaux attelés aux chars de Pharaon. » [8]. Ce n’est pas que Jésus-Christ compare l’Église, ou que la parole de Dieu compare l’âme qu’elle

  1. Rom. 11, 33
  2. Psa. 129, 1
  3. Psa. 103, 25-26
  4. Mrc. 4, 39
  5. Zac. 3, 2
  6. 2Ti. 4, 2
  7. Psa. 113, 1
  8. Can. 1, 8