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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/208

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toutes les nations, », etc. ; [1] ; et comment, plus tard, il monta sur un seul cheval blanc, qui n’est autre, à mon avis, que l’apôtre Paul, sur lequel il a parcouru tout l’univers. La parole de Dieu monta sur ses chevaux, afin que les grandes eaux soient troublées ; soit un grand nombre de peuples, qui étaient auparavant dans la mer, et que le dragon tenait en servitude, « car la voie large et spacieuse est celle qui conduit à la mort », [2], mais qui, ayant été troublés, et ayant abandonné leur erreur d’autrefois, recevront dans leur trouble le cavalier à sa venue ; soit afin que les bataillons des démons, dont j’ai déjà parlé, n’aient plus de domination sur la mer, et reculent dans leur trouble, redoutant les blessures faites par le cavalier qui les combat. Fasse le ciel que la parole de Dieu monte aussi sur moi, et que, par la lance de sa bouche, il mette à mort celui qui règne sur les grandes eaux, afin qu’en présence delà mort du roi, les eaux qui lui étaient soumises se troublent et présentent le cou à mon cavalier, et que, réunis en un seul et même attelage, nous devenions les Chérubins du Seigneur, ce qui s’interprète « multitude de la science. » Et, en effet, il ne saurait y avoir cavalier aussi richement orné que le cavalier de ceux que réunissent l’abondance de la science et les rênes de la sagesse. Les Septante : « J’ai gardé, et mes entrailles se sont émues de crainte à la voix de la prière de mes lèvres ; et la frayeur a pénétré jusque dans mes os, et ma force a été troublée au-dessous de moi. » Ma force, ou mon attitude ; car les exemplaires diffèrent sur ce mot. Ce langage peut être mis dans la bouche du prophète, en le rattachant à ce qui précède : Parce que vous avez envoyé, Seigneur, la mort sur les têtes des impies, que vous leur avez suscité des chaînes jusqu’au cou, que vous avez divisé dans la stupeur les têtes des puissants, et que vous avez conduit contre la mer vos chevaux pour troubler les grandes eaux, j’ai fait la garde la plus vigilante sur mon cœur, car j’avais tremblé d’effroi jusqu’en mes entrailles, et ma force ou mon attitude avait été ébranlée, dans la crainte où j’étais de maux semblables. Ce texte peut être aussi regardé comme une sorte de début, le prophète racontant sa crainte, comment il avait tremblé d’avoir péché en quelque chose, et comment, averti par la voix de la prière de ses lèvres, il avait craint Dieu au point que le frisson en avait pénétré jusque dans ses os ; comment, enfin, placé sous la haute main du Seigneur, il avait été ébranlé dans la force ou dans l’assiette habituelle de son âme. Cette expression : « Le frisson a pénétré jusque dans mes os », doit être entendue comme emphatique, afin qu’on voie la crainte excessive de Dieu pénétrant l’âme tout entière, et remuant tout l’homme, dans l’appréhension qu’il a de faire quoi que ce soit qui déplaise à Dieu. Et puis l’Écriture,

  1. Mat. 28, 19-20
  2. Mat. 7, 13