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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/207

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bouche, où avait été passé, en quelque sorte, le mors de la condamnation, et, comme ceux qui mangent, ils feront jouer leurs mâchoires, dont les dents seront brisées, essayant de manger, mais n’ayant pas la force de mordre l’aliment. On comprend qu’après l’avènement de Jésus-Christ, les têtes des démons, séparées des nations qui leur étaient auparavant assujetties, veulent exercer de nouveau leur ancienne puissance. Mais comme elles ont été séparées de leurs corps, elles n’ont pas une entière liberté de manger : elles mangent comme les pauvres, et non-seulement elles sont pauvres, mais pauvres honteux qui se cachent. Elles sont pauvres, parce qu’elles ont perdu leurs richesses d’autrefois ; elles mangent en secret, parce qu’elles sont toujours en embuscade, pour mettre à mort l’innocent dans les lieux cachés. Ces têtes ont les mêmes dents que les flèches. Et quoique elles aient dit avant : Je monterai au-dessus des astres des cieux, je mettrai mon nid dans le lieu le plus élevé, et je tiendrai dans ma main l’univers entier comme des œufs d’oiseaux, elles seront néanmoins arrachées des hauteurs, et, perdant leur richesse d’autrefois et comme toutes les ressources de leur maison, à peine essaieront-elles, comme les pauvres, démanger et de mordre à la dérobée. Je sais que le texte hébreu est en grand désaccord avec ce qui vient d’être dit ; mais qu’y puis-je faire, puisque j’ai Écritures qui ont été publiées dans le monde entier ?

Les Septante : « Et vous avez conduit au-dessus la mer vos chevaux, qui ont troublé les grandes eaux. » Après avoir envoyé la mort sur la tête des impies, et divisé les têtes des puissants, qu’il avait brisées dans la mer, puisqu’il est écrit dans les psaumes : « Vous avez écrasé les têtes du dragon,[1], les princes étant mis à mort et réduits en poudre, et le fort étant vaincu, Dieu vient à sa maison et il s’empare de toutes ses richesses. [2]. Or, par richesses et maison du fort, et vases du prince, que pouvons-nous entendre, si ce n’est la mer de ce monde, dans laquelle habite le dragon ? Dieu donc, cavalier émérite et conducteur sans rival, conduit contre la mer de ce monde ses chevaux, les anges et les vertus sublimes, afin qu’ils troublent les grandes eaux, les démons et les puissances ennemies. Que si l’on veut interpréter ce verset sur l’avènement de Jésus-Christ, conformément à ce qui est écrit dans l’Apocalypse,[3] que la parole de Dieu est assise sur un cheval blanc et suivie de toute une armée montée sur des chevaux blancs, on verra comment Jésus-Christ est monté sur ses apôtres, en disant : « Voilà que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle… « Allez, partez, baptisez

  1. Psa. 73, 14
  2. Mrc. 3, 1
  3. Apo. 16, 1