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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/238

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les Septante : « Soyez enchaînés », c’est-à-dire, soyez, comme le prescrit l’apôtre, unis étroitement les uns aux autres par les liens de la charité, « peuple non aimable », qui êtes indigne de l’amour de Dieu, ou bien, « peuple ignorant », dont il est dit dans le Deutéronome : « Peuple grossier et sans sagesse », Deu. 32, 6, et dans Jérémie : « C’est en vain que j’ai frappé vos enfants, vous n’avez pas tiré profit de la correction ; » Jer. 2, 30 ; – venez, dis-je, avant que ce qui a été prophétisé n’arrive, avant que l’effet ne suive mon ordre, – ce qui aura lieu aussi facilement qu’un tourbillon de poussière qui passe, – avant que la fureur du Seigneur ne déborde contre vous. Et admirons ici la clémence de Dieu : il suffisait, dans l’intérêt des sages, d’avoir annoncé l’impétuosité des maux près de venir ; mais comme, au lieu d’infliger des supplices, il voudrait se borner à effrayer ceux qu’ils doivent frapper, il les exhorte à la pénitence, pour n’avoir pas à faire ce dont il les a menacés.

Au figuré, et en général, toute la multitude des fidèles et de ceux qui portent le nom de peuple de Dieu, est assemblée dans l’Église, et il lui est dit : « Venez tous dans l’Église, formez entre vous une société clans la charité et la paix, peuple ignorant qui, ne voulant pas ; vous plier à la discipline de Dieu, et avoir la science de ses commandements, mettez votre joie dans les richesses, dans la santé du corps, dans la beauté de ce monde, et aussi dans les délices de la chair, qui passe comme une fleur fanée en un seul jour. Je vous exhorte à vous assembler, à vous unir en société, de peur que, lorsque viendra le jour du jugement et que toute votre gloire sera passée, vous vouliez faire pénitence, quand ce sera l’heure, non pas de la pénitence, mais des châtiments.

On se demande aussi comment ce même texte se peut appliquer à chaque homme, quand il sort de cette vie. Il lui est dit : O vous, qui tout occupé des affaires du siècle, courez à l’aventure de toutes parts, retournez dans l’Église des saints, joignez-vous à la vie et à l’assemblée de ceux que vous savez être agréables à Dieu, réunissez les membres relâchés et sans cohésion de votre âme dans l’unique faisceau de la sagesse, attachez-vous à elle dans un étroit embrassement, écoutez cette mystique consolation : « Fortifiez-vous, mains languissantes, et vous genoux débiles, affermissez-vous », Isa. 35, 5, et ne vous glorifiez pas des biens de la chair et de sa fleur qui passe : « car toute chair est de l’herbe, et toute sa gloire est éphémère comme la fleur de l’herbe ; l’herbe est devenue sèche et la fleur est tombée, mais la parole du Seigneur demeure éternellement. » Nous pouvons recourir à ce verset avec opportunité, lorsque nous rencontrons un homme qui, tout occupé des honneurs de ce monde et de l’entassement des richesses, vient rarement ou ne vient jamais aux assemblées de l’Église, et lui dire : Réunissez-vous à l’assemblée du peuple de Dieu, vous qui n’écoutez point les préceptes du Seigneur, avant que votre gloire s’éclipse,