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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/245

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qui, à l’exception de la première lettre Mem, changée en Daleth, s’écrit pour tout le reste comme le nom de Damas, et peut se lire alors Damasec. On se demande comment ces villes, c’est-à-dire Moab et celle des enfants d’Ammôn, ont été réduites à l’état de Sodome et de Gomorrhe, et comment, semblables à un amas d’épines sèches et à des monceaux de sel, elles ne seront jamais plus rebâties ? Qu’elles ont été ruinées comme Sodome et Gomorrhe, il n’y a pas de difficulté à le démontrer ; pour ce qui suit : « Elles seront réduites à une solitude éternelle », nous l’interpréterons ou par la destruction de leur royaume, puisque, après avoir été renversées par les Chaldéens, elles perdirent leur royauté, et possédées ensuite, soit par les Antiochus, soit par les Ptolémées, elles furent, en dernier heu, sous le joug des Romains ; ou certainement comme une expression hyperbolique, car le nom Lolam répond à la fois à éternité et à siècle ; d’où il suit qu’on peut l’entendre aussi pour un siècle, pour un certain temps et pour une époque. Et ceux qui seront restés du peuple d’Israël les pilleront, et deviendront les maîtres de ces blasphémateurs, autrefois auxiliaires des Chaldéens. C’est à cause de leur orgueil que ces maux les frapperont, parce qu’ils ont blasphémé, et qu’ils se sont enorgueillis contre le peuple du Seigneur des armées, qui sera terrible dans son châtiment ; mais ce châtiment terrible, au lieu de mettre à mort les superbes et de répandre le sang des blasphémateurs, anéantira et réduira en poudre toutes leurs idoles, afin que leurs cœurs, qui étaient auparavant esclaves de l’erreur et insensibles aux bienfaits du Seigneur, accablés par des maux extrêmes, sachent que les idoles ne servent de rien, et que toutes les îles des nations adorent Dieu chacune dans son pays.

Après avoir suivi jusqu’ici le texte hébreu, revenons aux Septante, et obligeons les Juifs, qui veulent ne s’attacher qu’à l’histoire, à nous montrer quand Moab et les enfants d’Ammon sont devenus comme Sodome et Gomorrhe et comme des monceaux do sel et ont été réduits à une solitude : ils doivent nous faire voir les pluies de souffre, les vignes et la terre couvertes de flammes et changées en cendres, enfin la mer, maintenant appelée mer Morte, sortant des puits de sel d’autrefois pour tout inonder ; en quel temps les Juifs les pillèrent, et les peuples d’Israël, qui restaient, s’en rendirent maîtres. Quelle colère du Seigneur y a-t-il, en compensation de leurs blasphèmes et de leurs outrages, à les réduire en poudre et à les perdre, non pas Moab et Ammon, mais tous les habitants de la terre, afin que le Seigneur soit adoré par chacun dans chaque pays, par toutes les îles des nations ? Il