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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/246

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agirait plutôt ainsi vis-à-vis des blasphémateurs, pour leur accorder un bienfait, afin qu’ils retournent de l’erreur au salut. Que s’ils veulent prétendre qu’après le retour de Babylone ces nations furent soumises au peuple d’Israël, je demande d’abord sur l’autorité de quels témoignages de l’Écriture ils s’appuient pour en conclure que ce fait est arrivé, et ensuite, quand cette preuve leur aura été impossible à faire, nous leur en ferons grâce comme par surcroît, et nous dirons : Soit, ce que vous dites est arrivé ; mais quelle justice de Dieu y aurait-il, quand ce sont les aïeux qui ont blasphémé et les ancêtres qui ont outragé, que le châtiment soit porté par les descendants ? Puisque assurément cette sentence portée auparavant dans la loi, que les péchés des pères seraient restitués par les descendants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération, Exo. 20, 1 seqq. a été retirée dans Ézéchiel : « Je jure par moi-môme, dit le Seigneur, que cette parabole ne passera plus parmi vous en proverbe, car c’est l’âme qui a péché qui mourra elle-même. » Eze. 18, 3-4. Notons en passant que ce qui a été dit n’est qu’une parabole, et n’a pas le sens que fait entendre l’écorce de la lettre. Or, puisqu’il est injuste de faire retomber sur les descendants les fautes des ancêtres, combien n’est-il pas plus injuste d’espérer que la prophétie de Sophonie s’accomplira, à la consommation du monde, en faveur de la folie des Juifs, quand c’est, non pas le Christ, comme ils le croient, mais l’Antichrist, qui doit venir alors. Partout où l’histoire, les serrant de près, les contraindrait d’avouer que ce qui a ôté dit est accompli, ils sautent aussitôt d’un bond aux temps futurs du Christ, et tout ce qu’ils ne peuvent pas expliquer, ils s’en promettent l’avènement après bien des siècles ; et c’est ainsi qu’ils diffèrent à ce temps-là la punition de Moab, des fils d’Ammon, de l’Égypte, des Philistins et de l’Idumée, qui insultent maintenant aux maux des Juifs. Demandons-leur donc pourquoi Dieu punirait de préférence ces peuples, au lieu de punir tout l’univers, à la surface duquel les Juifs sont dispersés de toutes parts. Si Moab, et les enfants d’Ammon et les autres nations voisines, qui insultent les Juifs, méritent d’être châtiés, pourquoi la Gaule n’est-elle pas châtiée aussi ? pourquoi les Bretagnes ne sont-elles pas comprises dans la menace divine ? pourquoi les Espagnes sont-elles exemptes du châtiment ? pour quelle cause n’est-il rien dit de l’Italie ? d’où vient que Dieu se tait au sujet de l’Afrique ? Pour tout dire, en lin mot, puisque c’est l’univers entier qui retient les Juifs captifs, d’où vient que les seuls peuples leurs voisins sont seuls nommés à cet égard, comme s’ils étaient seuls coupables ? Voilà quelle explication il faut opposer aux Juifs sur ce passage, et en général au sujet de tous les prophètes, partout où est omise une prédiction contre les autres peuples.

J’ai avancé qu’il n’était question de Damas ni dans le texte hébreu, ni dans aucun interprète autre que les Septante ; je prouve que l’ordre