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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/247

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même des idées le vent ainsi. À ces prémisses : « J’ai entendu l’insulte de Moab et les blasphèmes des enfants d’Ammon », se rattache celte conclusion logique : « Moab sera comme Sodome et les enfants d’Ammon seront comme Gomorrhe. » Pour ce qui suit : « Et Damas déserte sera comme un tas sur l’aire », aurait donc dû avoir quelque prémisse, en sorte que, de même que la prophétie avait dit : « Moab sera comme Sodome et les enfants d’Ammon seront comme Gomorrhe », au sujet de deux peuples dont elle avait d’abord fait connaître les péchés, de môme elle eut commencé par décrire les insultes ou les blasphèmes de Damas, pour que le châtiment parût être ensuite justement appliqué. Enfin, sur ces mots des Septante : « Comme un monceau de l’aire », admettons qu’ils avaient écrit ἀλὁς « de sel », mais que des ignorants, pensant qu’il s’agissait d’un monceau de grains ou de froment, ont ajouté deux lettres, ω et ν, et mis ἀλωνὁς « défaire », comme conséquence de l’idée de fruits de la terre. Arrêtons-nous là au sujet de la différence d’interprétation, de l’erreur des Septante et de la difficulté du sens historique.

D’autre part, l’homme qui a la science, qui compare les choses de l’esprit aux choses de l’esprit, qui cherche, non ce qui est en bas, mais ce qui est en haut, qui ressuscite avec Jésus-Christ des enfers, et qui se dépouille du vieil homme pour se revêtir du nouveau, rapportera les insultes de Moab et les blasphèmes des enfants d’Ammon aux maîtres de l’Église des doctrines ennemies, qui paraissent être, eux aussi, de la race d’Abraham et avoir échappé à l’incendie de Sodome et de Gomorrhe, pour habiter dans Ségor la petite ; mais parce que leur génération est dans les ténèbres, qu’ils ne peuvent regarder la lumière de la vérité, s’ôtant éloignés de Dieu le Père, interprétation qui ressort des noms de Lot et de Moab, qu’ils ont cessé d’être enfants de Dieu, de ceux que Dieu appelle « mon peuple », et que, conçus dans une caverne ténébreuse, ils sont les fruits d’une incestueuse union, – à cause de cela, dis-je, aujourd’hui encore, insultant à la simplicité des enfants de Juda, ils sont avides d’agrandir leur possession aux dépens des frontières de Juda, quand il est dit dans les Proverbes : « Ne passez-point les anciennes bornes qui ont été posées par vos pères. » Pro. 22, 28. Que l’on songe aux hérétiques, s’applaudissant de leur dialectique, de leur rhétorique et de tous leurs sophismes, méprisant le langage inculte de l’Église, le méprisant comme indigne de leurs mystères, qu’ils se sont faits comme des idoles, et n’en faisant aucun cas, et l’on ne cherchera point par quelles insultes et quels outrages Moab et les enfants d’Ammon ont couvert de railleries le peuple de Dieu. Le Seigneur a donc fait s crin eut par lui-même, en disant : « Je suis seul vivant, dit le Seigneur. » C’est bien à propos qu’à la différence des dieux morts appelés idoles, le Dieu d’Israël, c’est-à-dire du peuple qui voit Dieu, se dit