Aller au contenu

Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’imiter leur langage, et embrassons aussi leur conduite et leur abstinence. Le saint ministère, le ministère des Apôtres, est d’être le serviteur des veuves et des pauvres : « Il n’est pas juste », s’écrient-ils, « que nous quittions la prédication de la parole de Dieu pour avoir soin des tables. » Act. 6, 2. Mais à présent, ce ne sont pas les pauvres, non pas ses frères qui ne peuvent pas rendre l’invitation et dont la main épiscopale ne peut rien attendre, excepté de la reconnaissance, mais ce sont les capitaines ceints du glaive et les magistrats, que le prêtre du Christ réunit à sa table, pendant que des centurions et de nombreux soldats veillent à sa porte. On voit des clercs fouiller tous les recoins de la ville : ils cherchent à procurer aux magistrats des satisfactions honteuses que ceux-ci ne peuvent trouver dans leurs prétoires, ou qu’ils n’osent y acheter s’ils les y trouvent. Mais il ne faut pas croire que ce reproche s’élève contre tous les princes de l’Église en général : la prophétie tombe sur ceux qui ont cette vie mauvaise, et elle les menace des supplices sans fin et des ténèbres éternelles, afin que, puisqu’ils sont rebelles au frein de la pudeur, cette menace du châtiment les amène du moins à faire pénitence.
Les Septante : « Approchez-vous des montagnes éternelles. » Par montagnes éternelles, nous pouvons entendre, ou les Anges, ou les Prophètes, dont il est écrit dans le psaume : f Ses fondements sont dans les montagnes saintes ; » Psa. 86, 1 ;… « J’ai levé les yeux vers les montagnes d’où me viendra le salut. » Psa. 120, 1. Il s’approche des montagnes éternelles, celui que ses péchés ne séparent point de la société des bienheureux, comme Moïse s’approchait de Dieu, non pas quant à la distance, mais par son mérite. C’est à ceux qui s’approchaient des montagnes éternelles que le Seigneur disait lui-mème : « Je suis le Dieu de ceux qui sont près de moi, et non le Dieu de ceux qui en sont loin. » Jer. 23, 23. Ces montagnes sont appelées éternelles pour les distinguer de celles qui ne le sont pas, des montagnes couvertes de ténèbres, des princes de ce monde qui, après avoir porté haut leur tête comme le cèdre du Liban, passent avec le monde, et on ne trouve plus le lieu qu’ils occupaient.
Les Septante : « Levez-vous et marchez, parce qu’il n’y a pas ici de repos pour vous. » Il nous est ordonné de ne pas croire que nous puissions trouver le repos dans aucune satisfaction terrestre, et, comme si nous ressuscitions d’entre les morts, de nous élever, de marcher à la suite de Notre-Seignenr et de dire : « Mon âme s’est attachée à vous suivre. » Psa. 62, 9. Si nous n’agissons pas ainsi, si nous fermons l’oreille à ce précepte : « Levez-vous, vous qui dormez, élevez-vous, et Jésus-Christ vous éclairera », Eph. 5, 14, nous sommeillerons sans doute,