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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/24

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Je développerai donc d’abord ma traduction, et je passerai ensuite à la leur. La parole divine continue à tonner contre le peuple, à qui elle avait déjà dit : « Mon peuple, au contraire, s’est levé en ennemi contre moi ; vous avez été aux hommes, non-seulement le manteau, mais la tunique même ; » elle leur reproche d’avoir, outre cela, fait aller en captivité les femmes, les délicates matrones d’autrefois, ou métaphoriquement les villes de la Judée, appelées aussi filles de Sion, Isa. 1, 1 ss parce que Sion était leur métropole. « Vous avez aussi étouffé pour toujours ma louange dans la bouche de leurs petits enfants », il n’est resté personne de mon peuple, tous ayant été ou mis à mort ou pris, pour chanter mes psaumes ; le petit nombre de ceux qui survivaient chez les Babyloniens attestent qu’ils ne les pouvaient pas chanter. « Comment chanterions-nous les cantiques du Seigneur sur cette terre étrangère ? » Psa. 136, 4. Levez-vous donc et allez en captivité, puisque vous n’avez pas de repos sur cette terre, que vos crimes ont souillée et qui ne pourra être purifiée qu’après qu’un long sabbat y aura ôté préalablement célébré. Je vous dis que vous n’avez pas de repos ici, parce que votre terre est souillée et que la pourriture la plus infecte la consumera, ou par la captivité, ou par les Babyloniens ou par les Romains, pour avoir bu le sang du Seigneur. Le sens répond ici également bien à l’une et à l’autre de ces solutions historiques.
Les Septante : « Les chefs de mon peuple seront chassés des maisons où ils vivaient dans les délices ; ils ont été chassés à cause de leurs mauvais desseins. » Ceci peut s’entendre et en général des princes du peuple juif, des prêtres et des pharisiens, qui, après la Passion de Notre-Seigneur, furent chassés de la ville où ils vivaient dans les délices, et où ils s’étaient jusque-là livrés aux désordres de leurs mauvaises pensées, et en particulier de la race de David, parce que, dès que Notre-Seigneur fut né, le sceptre fut ôté de Juda et il n’y eut plus de prince de sa postérité,Gen. 49,1 ss, celui à qui le sceptre était réservé et qui était l’attente des nations étant venu. Touchant les princes de l’Église qui se plongent dans les délices et qui croient conserver la pureté au milieu des festins et des divertissements, la prophétie annonce qu’ils seront chassés de leurs vastes demeures, de leurs somptueux festins et de leurs tables chargées de mets les plus chers, et chassés à cause de leurs pensées et de leurs œuvres mauvaises. Veut-on savoir où ils seront chassés ? L’Évangile répond : « Dans les ténèbres extérieures, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Mat. 22, 13. N’y a-t-il pas impudence et honte à prêcher avec des corps surabondamment repus Jésus crucifié, le divin Maître pauvre et souffrant la faim ; à publier la doctrine du jeûne avec des lèvres rougies de vin et un visage bouffi de bonne chère ? Puisque nous sommes au lieu et place des Apôtres, ne nous contentons pas