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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/254

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général de la venue de l’Antichrist ou de la fin du monde, on en peut néanmoins, faire chaque jour l’application à ceux qui feignent d’être de l’Église de Dieu et le nient par leurs œuvres ; ils sont auditeurs, mais non observateurs de la loi, ils se vantent en vain d’une apparente beauté, quand les troupeaux habitent en eux, c’est-à-dire la multitude des vices, et les brutes qui sont au service du corps, et toutes les bêtes de la terre qui mangent leurs cœurs, et les caméléons qui prennent d’un instant à l’autre la couleur des divers péchés, ici de l’avarice et là de la luxure, tantôt de la cruauté et tantôt de l’impureté, maintenant de la tristesse et puis de la joie. Dans leurs crèches demeurent les hérissons, animal hérissé de piquants et qui blesse tout ce qu’il touche. Les hôtes coucheront dans leurs palais, c’est-à-dire dans leurs cœurs, et les corbeaux, oiseaux immondes, au-dessus de leurs portes, ou de la bouche ou des oreilles, en sorte qu’ils disent ou entendent sans cesse de mauvaises, paroles. D’où cette conséquence que l’Église souffrira ou a souffert ces maux, parce qu’elle s’est élevée d’orgueil et a porté haut sa tôle comme un cèdre, s’adonnant aux mauvaises œuvres et néanmoins se promettant la béatitude future, méprisant les autres en son cœur et dans la pensée que tout est néant hors elle-même, disant : « Moi je suis, et après moi il n’y en a point d’autre. – Comment donc est-elle devenue une solitude où paissent les bêtes ? » Et en effet, là où était auparavant la demeure du Père et du Fils et du Saint-Esprit et où les anges présidaient au service de Dieu, habiteront alors les bêtes, dont le Psalmiste déplore les ravages en disant : « Seigneur, ne livrez pas aux bêtes l’âme qui vous confesse. » Psa. 73, 19. Quiconque passera près d’elle, sifflera et frappera des mains. Si nous appliquons ce dernier trait aux anges, en voici l’interprétation : Les anges, qui passeront près d’elle et n’y demeureront pas, comme ils avaient coutume de le faire, s’étonneront de sa décadence, et en la voyant tomber, au lieu de la soutenir et de la raffermir, ils passeront en levant les mains ; ou assurément, ils élèveront les mains avec un sifflement plaintif et ils les frapperont l’âme contre l’autre, comme pour se plaindre, à la manière de ceux qui pleurent sur un mort. Si nous appliquons le même passage au diable et à ses anges, qui ont dévasté même la vigne qui avait été transplantée hors de l’Égypte, disons que le serpent passe par l’âme dont Jésus-Christ s’est éloigné, qui ôtait auparavant le temple de Dieu et qui a cessé de l’être, qu’il siffle en elle, qu’il y vomit les poisons de sa malice, et que, non content de cela, il y apporte ses œuvres, dont les mains sont la figure. Et pour qu’on ne croie point, parce que nous avons nommé le serpent, que nous faisons violence à l’interprétation en entendant les œuvres du serpent par ses mains, qu’on se souvienne de ce témoignage de Salomon : « La vie et la mort sont dans les mains de la langue. » Pro. 18, 21. J’ai donné comme j’ai pu cette