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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/259

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orgueilleux et les angles de ces chemins sont détruits, afin qu’ils cessent de marcher dans leur arrogance et dans leur perversité, et que leurs villes, qui avaient été mal bâties dans l’orgueil et l’insolence, soient ruinées, en sorte qu’avec leur existence finisse celle des méchants qui y habitent. La suite d’ailleurs va montrer que nous ne violentons point le sens de l’Écriture. Dieu dit, en effet : J’ai agi delà sorte, afin de leur dire : Voilà que les chemins de la malice sont détruits ; désormais, craignez-moi et apprenez ma doctrine, de peur que ma correction elle-même ne périsse, ne trouvant pas en vous des fruits de conversion, que tous les moyens par où j’ai voulu vous reprendre ne soient vains, et que cette parole qui est écrite dans Jérémie, ne puisse vous être appliquée : « C’est inutilement que j’ai frappé vos enfants, vous ne vous êtes pas rangés à ma discipline ; » Jer. 2, 30 ; ou assurément : Craignez-moi et rangez-vous à ma discipline, de peur que tout ne périsse en présence de Jérusalem, et qu’elle ne soit complètement changée en désert par les maux dont je l’ai menacée.

Qu’on ne se scandalise pas – j’en ai fait bien souvent la remarque – de ce que j’interprète cette prophétie comme proférée contre l’Église, quand on sait que, dans les Écritures saintes, l’Église est toujours figurée dans Jérusalem, dans laquelle celui qui a péché, ou est emmené à Babylone, ou, s’il a voulu en descendre volontairement, est blessé par les voleurs sur la route de Jéricho. Y a-t-il en effet société aussi illustre que l’Église, qui est fondée dans tout l’univers ; autant rachetée par le sang de Jésus-Christ et autant colombe, à cause de la grâce de l’Esprit saint, que l’Église rassemblée d’entre les Gentils ? mais il y en a plusieurs en elle qui se vantent de croire en Jésus-Christ, et qui n’écoutent point sa voix, qui ne se plient point à sa discipline et qui ne veulent pas être ses imitateurs. Quant à ces paroles : « Ses princes sont en son sein comme des lions rugissants », je ne me dissimule pas que j’en offense plus d’un, en les interprétant sur les évêques et les prêtres, alors que les vieillards qui tentèrent de souiller Suzanne ne condamnent nullement les autres anciens qui ont bien vécu, et que les mauvais princes, dont parle la prophétie, ne sont nullement un sujet de honte pour les bons princes ; « car l’insensé ôtant châtié, le fou deviendra plus sage ; » Pro. 19, 22 ; et si l’insensé devient plus sage, combien plus le deviendra celui qui est sage déjà ? Mais ses juges et ses princes recevant des présents et vendant Injustice, ne sont-ils pas à juste titre appelés loups d’Arabie ou du soir, d’après la traduction de Symmaque ? C’est qu’ils ne méritent pas d’être appelés loups de Benjamin, qui ravissent leur proie le matin et le soir donnent la nourriture aux autres ; Gen. 49, 1 seqq. ils sont appelés loups du soir, qui dévorent tout pendant la nuit, et ne laissent rien pour le matin. Sur ce passage : « Ses prophètes portant l’esprit, sont des hommes pleins de mépris »,