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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/275

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que, pour le premier jour, pour le troisième, pour le quatrième, pour le cinquième et pour le sixième, après l’achèvement de l’ouvrage de chacun d’eux, il est dit : « Et Dieu vit que cela était bon », cette mention n’est pas faite pour le second jour dans l’hébreu, et d’après Aquila, Symmaque et Théodotion. Le second jour, désigné par le nombre deux, qui divise ce qui est un, ne pouvait pas être marqué comme bon par le témoignage de Dieu. Puis la prophétie nomme le sixième mois, qui n’a pas les solennités de Dieu comme le septième, étant voisin des six jours dans lesquels le monde a été créé, – mois du travail, où nous mangeons notre pain à la sueur de notre front, et où la terre, ne produisant pour nous que des ronces et des épines, après avoir reçu la semence du froment, ne donne guère que de l’ivraie et de la folle-avoine. Mais parce que l’autel était déjà relevé, et que le peuple, s’il n’avait pas reconstruit le temple, avait du moins voulu le faire, malgré l’opposition de ses ennemis, c’est le premier jour du sixième mois que la parole du Seigneur fut déposée aux mains du prophète Aggée, afin que le peuple, quittant la seconde année du roi Darius, qui sépare de l’union, et le sixième mois qui était passé et qui est un nombre réservé au travail, revint à l’union avec Dieu et suivît le nombre impair et unique, dont le poète profane lui-même a reconnu la pureté : « Dieu aime le nombre impair. » Virg. Eclog. viii, La parole du Seigneur, cherchant à qui elle viendra et qui elle instruira, est déposée aux mains du prophète Aggée, qui avait les bonnes œuvres et sur les actions de qui la parole de Dieu pouvait se reposer. Mais la parole de Dieu ne saurait se déposer aux mains pleines de sang d’un peuple qui met à mort Jésus-Christ et qui ose dire : « Que son sang retombe sur nous et sur nos fils. » Mat. 27, 25. Jusqu’à présent, Israël charnel, qui a des mains immondes, les étend vers le Seigneur ; mais comme elles sont pleines de sang, le Seigneur lui répond par le prophète : « Si vous élevez vos mains, je détournerai de vous mes yeux, parce que vos mains sont pleines de sang. » Isa. 1, 15. La parole du Seigneur n’est pas déposée en leurs mains, parce qu’elles sont impures ; la parole de Dieu ne vient point à eux, parce qu’ils l’ont mise à mort en eux. Et il ne faut pas croire que la parole du Seigneur ait été déposée dans les mains seules du prophète Aggée ; puisque Aggée veut dire « de fête », quiconque peut célébrer les fêtes, « non avec le vieux levain de la malice et de l’iniquité, mais avec les azymes de la sincérité et de la vérité », 1Co. 5, 8, peut recevoir cette parole. Ayons donc les mains pures, méritons d’être comptés au nombre de ceux qui célèbrent la pâque, et la parole de Dieu viendra à nous. Puisque la loi est selon l’esprit, ayons devant nos yeux les solennités spirituelles dont il est écrit : « Vous célébrerez des fêtes en mon honneur trois fois chaque année. Vous garderez la fête solennelle des pains sans levain ; vous mangerez, comme