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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/277

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dont l’impureté est évidente, et celui qu’exprime Zabulôn, ou « écoulement de la nuit. » Par conséquent, abandonnant l’écoulement vain, impur et ténébreux de ce monde, suivons l’écoulement de Jésus, qui nous est offert pour que nous en buvions, qui se produit comme une source des plus abondantes, conformément à ce qui est dit dans l’Évangile : « Jésus se tenait debout dans le temple, et criait : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Jn. 7, 37. Or, nous pourrons boire, de cet écoulement, lorsque nous en aurons fait la demande à Dieu le Père, selon le précepte de l’Évangile : « Demandez et vous recevrez. » Mat. 7, 6. Salathiel, en effet, veut dire « demande de Dieu », et personne n’arrive à Jésus, si ce n’est le Père qui l’y a conduit. Jn. 6, 44. Il naîtra donc pour nous un écoulement, exposé aux yeux par la demande faite au Père, et il sera de la tribu de Juda, c’est-à-dire de la tribu royale et qui confesse ou qui loue Dieu, puisque le nom de Juda a l’un et l’autre sens. Des mots « né à Babylone », historiquement, s’appliquent à Zorobabel, puisqu’il naquit en cette ville ; mais, dans un sens plus élevé, ils conviennent aussi à Notre-Seigneur Jésus-Christ, puisque lui-même est né dans la confusion de ce monde, qu’il a été sur les bords du fleuve Chobar, aux eaux pesantes, et qu’il a contemplé cette grande vision qu’Ézéchiel, qui est une de ses figures, voit au commencement de son livre. Eze. 1, 1 seqq. Quant à l’interprétation de Zorobabel par « prince de Babylone », ce n’est pas à dire qu’il contienne strictement le sens de prince, puisque la tradition des Hébreux rapporte que son nom est composé de trois parties distinctes : Zo, celui-là ; rob, maître ou plus grand, et Babel, babylonien, d’où le nom de Zorobabel, « celui-là maître de Babylone. » Pour résumer le sens, à la place de ce morcellement, j’ai adopté l’explication de « prince babylonien » ou « dans Babylone », afin que, de même que Josué, fils de Navé, qui fut aussi la figure du Sauveur, conduisit le peuple du désert dans la terre de répromission, de même celui-là est issu dans Babylone, pour ramener dans la terre de répromission ceux qui étaient à Babylone, d’où ils avaient été emmenés captifs, et qu’il dise à ceux qui étaient dans les chaînes : « Sortez », et à ceux qui étaient assis dans les ténèbres : « Soyez éclairés. » Isa. 60, 1 ss.

La parole du Seigneur déposée dans la main d’Aggée s’adresse, non seulement à Zorobabel, fils de Salathiel, dont nous venons de traiter, mais aussi à Jésus, fils de Josédec, grand-prêtre. En ce qui concerne l’histoire, Zorobabel, de la tribu royale, est un, et Jésus, de la tribu sacerdotale, est un autre ; en ce qui concerne le sens mystique, il n’y a là que le seul et même Seigneur notre Sauveur, roi et grand-prêtre, dont Zorobabel était la figure en tant que roi, et dont, en tant que prêtre, la figure était son homonyme Jésus, qui veut dire « Jao, salut », ou « salut du Seigneur ; » il est fils de Josédec,