Aller au contenu

Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aumônes et des oblations, quand ils n’ont pas construit en eux-mêmes le temple de l’Esprit saint. Les aumônes et les offrandes faites sur l’autel servent de quelque chose, après qu’on a fait de soi-même le temple de Dieu, et qu’on offre les dons sur l’autel, après l’édification du temple.

Au sens figuré, à nous qui maintenant croyons en Jésus-Christ, si nous croyons sincèrement et montrons par nos œuvres la vérité de notre foi, il nous est dit de retourner en esprit à ce temps où nous étions infidèles, esclaves chaque jour des vices, et où nous n’avions pas construit en nous un temple à Dieu. Comme un architecte, comme un maçon habile joint la pierre à la pierre, et, au moyen de la chaux et du plâtre, fait adhérer celle de dessous à celle de dessus, ainsi l’architecte spirituel – l’Apôtre revendique ce titre lorsqu’il dit : « Comme un sage architecte, j’ai posé le fondement », 1Co. 3, 10, et que le Seigneur menace d’ôter Jérusalem – sait comment il doit joindre les œuvres aux œuvres pour élever successivement le temple de Dieu. Le fondement donné à ce temple, c’est Jésus-Christ, et chacun doit voir ce qu’il édifiera sur le fondement : l’un édifie l’or, l’argent, les pierres précieuses ; l’autre édifie le bois, l’herbe, la paille. À trois bons matériaux sont opposés trois mauvais. C’est avec ces pierres précieuses que le Seigneur promet de rebâtir Jérusalem : « Je vous donnerai des fondements de saphirs, je vous parerai de rubis ; je bâtirai vos tours de jaspe, vos portes seront en pierre de cristal, et votre enceinte sera faite de pierres choisies. » Isa. 54, 11-12. On ne saurait admettre, en effet, suivant les fables et les contes ineptes des Juifs, que Dieu bâtira Jérusalem avec de l’or et des pierres précieuses, et non pas avec ces pierres vivantes qui sont maintenant roulées sur la terre, et, conformément à la nature des pierres, ou étincellent des feux de la foi comme l’escarboucle, ou sont toutes célestes comme le saphir, étant changées en trônes de Dieu, ou brillent comme le cristal de l’éclat transparent et pures des bonnes œuvres. La prophétie nous avertit donc de considérer quels maux nous avons endurés autrefois, avant que nous eussions édifié en nous le temple de Dieu ; « lorsque, nous dit-elle, vous vous approchiez d’un monceau de vingt mesures, et qu’elles se réduisaient à dix ; » ou, d’après les Septante : « Lorsque vous mettiez dans le cypsèle vingt mesures d’orge, et qu’elles se réduisaient à dix. » C’est qu’avant Jésus-Christ, tout ce que nous semblions avoir de vertus et de bonnes œuvres, était de l’orge, et non du blé ; et cet orge, lui-même, qui pour Isaac produisait le centuple, Gen. 26, 1, loin de répondre à notre espérance et à nos vœux, nous rendait à peine la moitié de notre travail, et il nous était dit : « Vous avez enduré toutes ces grandes fatigues sans cause. » Gal. 3, 4. De même que nous allions