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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/473

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voudrait apporter à l’autel un présent pour cette catégorie d’hommes dont le seul remède est de ne plus faire ce qu’ils ont fait. Il y en a qui, ne comprenant pas ce passage et dans l’ignorance des faits historiques, veulent que ces paroles : « Est-ce que nous n’avons pas tous le même père », s’entendent d’Abraham, de façon à dire qu’Abraham est le père môme des païens, conformément à ce qui est écrit : « Dieu peut, de ces pierres mêmes, susciter des fils à Abraham. » Mat. 3, 9. Ou bien encore, ils affirment que Dieu est seul Père, selon ce que nous lisons dans le Deutéronome : « Est-ce que celui-là n’est pas Père, qui te possède, qui t’a fait et qui t’a créé ? » Deu. 32, 6 ; et encore : « Tu as abandonné Dieu qui t’a créé ; » Ibid. 18 ; et ailleurs : « J’ai engendré et élevé des enfants, et ils m’ont délaissé ; » Isa. 1, 2 ; et dans le livre des Psaumes : « Ces enfants étrangers m’ont trompé ; ces fils étrangers se sont endurcis et ont bronché dans leurs sentiers. » Psa. 17, 46. Et en s’éloignant de leur unique père, ceux qui/out péché se sont donné, par leurs vices, bien des pères ; « car celui qui commet le péché est né du diable. » Jn. 3, 8. Ce qui suit : « Pourquoi chacun de nous méprise-t-il son père, en violant l’alliance de nos pères ? » Ils l’interprètent en disant que nous tous, issus d’un même père, nous ne devons faire qu’un et n’avoir que la même profession de foi, mais que par notre orgueil, et en élevant notre tour contre Dieu, la division est survenue dans nos langues et dans nos sentiments. Gen. 11, 1 seqq. Ils le rapportent aussi à l’aumône et disent que nous méprisons nos pères quand nous ne partageons pas avec eux ce que nous avons reçu de Dieu pour entretenir notre vie ; ils en viennent encore à assurer que notre frère, d’après l’Écriture, est le Seigneur, qui commanda à Marie-Madeleine d’annoncer à ses frères que le Seigneur était ressuscité, Jn. 20, 1 seqq. et qui dit dans le psaume : « J’apprendrai ton nom âmes frères, je chanterai tes louanges au sein de l’Église. » Psa. 21, 23. Les Juifs ont donc abandonné leur père et ont profané le pacte de nos pères, que Dieu avait conclu avec Abraham, Isaac et Jacob, pour qu’en leur « descendance », qui est le Christ, toutes les nations fussent bénies. Ainsi ils vont à tâtons, parce qu’ils ne trouvent point la voie véritable. Enfin, vient à la suite, selon les Septante : « Judas a été abandonné et l’abomination s’est faite dans Israël et dans Jérusalem ; » et c’est ainsi qu’ils le commentent : Les Juifs qui ont blasphémé le Seigneur Sauveur ont été abandonnés et ils ont enduré ce qui est écrit : « Chassez-les, selon la multitude de leurs impiétés, parce qu’ils se sont révoltés contre vous, Seigneur », Psa. 5, 11, afin qu’ils soient dispersés,