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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/75

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le Prophète déplore qu’un seul juste de ce peuple ne se trouve pas dans tout le pays, qui puisse résister à la colère divine et s’interposer comme un rempart. En vain, s’écrie-t-il, ai-je parlé, en vain ai-je voulu recueillir les derniers raisins, pour ainsi dire, d’une vigne déjà vendangée et perdue, et, comme il ne restait pas une seule grappe pour la manger, prendre pour nourriture du moins de ces figues non mûres que les Hébreux appellent Beechchora, comme s’ils disaient : Ne trouvant pas de pain, tant sévissait la famine ! j’ai avidement recherché du son et des ordures. On ne trouve plus aucun saint sur la terre, il n’y a personne parmi les hommes qui ait le cœur droit ; partout les embûches, partout la fraude ; on verse le sang innocent ; on ne connaît plus les liens fraternels devant l’avarice et la passion ; on ne se contente pas de faire le mal, on prend sa défense, et, changeant les noms, on appelle le bien ce qui est le mal. Les princes eux-mèmes font plus que recevoir des présents qu’on leur offre, ils obligent leurs sujets aies leur donner, en les demandant. Le juge est à l’encan, jugeant autrui comme il en est jugé lui-même, recherchant pour ses crimes une indulgence réciproque, et prenant sa propre défense dans le procès du prochain. Quiconque est grand et comme très-instruit dans la loi, énonce, non pas la volonté de Dieu, mais la sienne. « Et ils l’ont troublée », ou la ville, ou la vérité, ou la terre dont il vient d’être dit : « On ne trouve plus aucun saint sur la terre. » Le meilleur d’entre eux est comme une ronce hérissée qui retient et blesse celui qui l’approche, après l’avoir saisi de sa dent recourbée ; et le plus juste est comme un buisson de haie, en sorte qu’on reçoit de lui la douleur, quand on croyait trouver en lui du secours. Voilà tf après l’hébreu. La version des Septante diffère sur quelques points, et, à la fin du contexte, leur traduction est autre du tout au tout. J’estime que le sens est celui-ci : La parole prophétique ou apostolique pleure sur le genre humain en général, en ce qu’elle a jeté en vain la semence des doctrines, et que, moissonneur tardif, elle y recueille à peine, au lieu de blé, quelques épis vides et inutiles, de même qu’elle ne trouve même pas des grappillons dans la vigne, et le reste jusqu’à la fin du chapitre. Puisque celui qui parle est heureux de trouver des oreilles qui l’écoutent, que le désir du sage est de rencontrer un auditeur attentif, et qu’un auditeur intelligent fait la joie de tout orateur, un mauvais disciple est une cause de douleur pour le maître, et Jérémie abonde en cette plainte dans les mots suivants : « Je n’ai été utile à personne et personne ne m’a été utile. » Jer. 15, 10. Il y en a qui pensent que tout cela est dit au nom du Sauveur, se plaignant de ce que sur une si grande multitude de croyants, dans tout l’univers et tout le genre humain, il lui est difficile de trouver des œuvres dignes de son sang, lui qui a dit aussi, dans le psaume vingt-neuf :