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Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/111

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madame d’youville

nance solennelle, dit M. Faillon, « que le traité provisoire fait avec Mme d’Youville en 1747 cessait d’avoir lieu ; que tous les biens de l’Hôpital Général de Ville-Marie étaient unis à celui de Québec, et que les religieuses de cette dernière maison pouvaient vendre les bâtiments de l’Hôpital avec toutes leurs dépendances, et même les meubles, qui seraient de trop peu de valeur pour être transportés à Québec, ajoutant que si quelqu’un avait des réclamations à faire contre cette vente, on pouvait se pourvoir devant M. Bigot dans le terme de trois mois. » M. l’abbé de l’Isle-Dieu, vicaire général des colonies à Paris, en apprenant cette singulière manière de procéder, ne put s’empêcher de dire : « On va vite au Canada : c’est pendre un homme par provision, et instruire ensuite son procès. »[1]

Cette ordonnance, qui permettait cependant à Mme d’Youville de rester à l’Hôpital jusqu’au mois de juillet suivant, afin de lui donner le temps de se loger ailleurs et de faciliter le transport des infirmes à Québec, ne fut publiée qu’après le départ des vaisseaux pour la France, afin d’empêcher que Mme d’Youville pût correspondre avec le ministre une fois que la publication aurait été faite. Ainsi, sans lui donner l’occasion de se défendre, Mme d’Youville était privée de ses droits, et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’un jour, revenant du marché acheter des provisions, elle entendit crier sur la place publique, au son du tambour, le décret royal qui l’expulsait de

  1. M. Faillon, p. 77.