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vent de prétexte à faire des fortunes particulières ? Les dépenses pour le compte de Sa Majesté iront cette année à trente-six millions. J’ai parlé souvent avec respect sur ces dépenses à M. de Vaudreuil et à M. Bigot. Chacun en rejette la faute sur son collègue. Les Canadiens, qui n’ont pas part à ces profits illicites, haïssent le gouvernement, » etc.[1]

Ces représentations de M. de Montcalm restèrent sans écho. La désunion se mit bientôt entre lui et M. de Vaudreuil. D’autres appels à la mère-patrie n’eurent pas plus d’effet : le pays était abandonné à ses propres ressources, car depuis plusieurs années on murmurait en France contre les dépenses faites pour le Canada. Le trésor était vide, et lorsqu’il fallut faire les préparatifs de guerre, dit M. Garneau dans son « Histoire du Canada », les ministres éclatèrent en reproches amers contre l’intendant. Chaque navire apportait des remontrances sur l’excès des dépenses, mais peu ou point de soldats pour la défense du pays, quoique la mort de Jumonville et la capitulation de Washington fissent alors la plus grande sensation en Europe.[2]

Les Anglais guettaient le moment propice pour s’emparer de Québec et se préparaient en consé-

  1. Archives du ministère de la Guerre, vol. 3540, Canada pièce 40. — M. Faillon, p. 153 et 154.
  2. Garneau, Histoire du Canada, vol. 2, p. 209.