Aller au contenu

Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
260
vie de

saient déjà pressentir à M. Montgolfier et à Mme d’Youville les services qu’elle devait rendre à l’Institut pendant tant d’années. On se rappelle la prédiction de longue vie que lui avait faite la Vénérable peu de temps avant de mourir.

Chargée par la Mère Despins des affaires temporelles de la maison, la Mère Coutlée s’en acquitta avec tant de tact et de prudence que la bonne Mère se plaisait à dire que sans l’aide de la Sœur Coutlée elle n’aurait jamais pu être supérieure. Mais autant la Mère Coutlée était heureuse de se dévouer aux intérêts de la communauté et des pauvres sous la direction d’une supérieure, autant elle fut effrayée lorsqu’elle se vit appelée à gouverner cette barque qui, durant la vie de la fondatrice, avait été agitée par tant de vents contraires qui ne s’étaient pas encore apaisés pendant le gouvernement de Mère Despins.

Sa frayeur et sa défiance d’elle-même se traduisirent par un déluge de larmes lorsque M. Brassier, supérieur du Séminaire, qui avait présidé à l’élection, annonça que la Mère Coutlée était élue supérieure à l’unanimité des suffrages. Ses pleurs continuèrent jusqu’à ce qu’un des prêtres qui venaient habituellement chez les Sœurs Grises, M. Bédard, lui dît sévèrement : « Ma Mère, si vous continuez à pleurer ainsi, je ne reviendrai plus dans la maison. » Elle comprit qu’il y avait une certaine faiblesse à s’écouter ainsi ; elle se soumit à la volonté divine et porta