obstacle au voyage des courageuses missionnaires, et le récit suivant, que nous empruntons à l’abbé Dugas, nous fait comprendre quelles durent être leur inquiétude et leur anxiété lorsqu’elles virent leur compagne incapable de marcher : « Un accident était venu éprouver les bonnes religieuses dans la traversée du lac Huron et leur avait fait craindre un moment qu’une de leurs compagnes ne fût obligée de retourner en arrière. Dans un endroit appelé La Cloche, la révérende Sœur Lagrave s’était donné une entorse qui la mettait dans l’impossibilité de marcher.
« Leur embarras était grand et celui des conducteurs du canot ne l’était pas moins. Si la navigation n’avait pas dû être interrompue pour atteindre la Rivière-Rouge, il eût été facile pour la sœur de continuer le voyage ; mais il y avait à faire une multitude de longs portages, et comment transporter à travers les bois et les rochers une personne dont le poids requérait la force de deux hommes ? On délibéra quelque temps pour savoir quel parti prendre. Les religieuses pleuraient ; elles suppliaient, ne voulant pas se séparer de leur sœur : enfin deux robustes Iroquois de Caughnawaga, qui montaient à la Rivière-Rouge, s’offrirent à se charger de la bonne sœur dans les portages ; on promit de les récompenser généreusement et l’on put continuer la route. »[1]
- ↑ Monseigneur Provencher, par l’abbé Dugas, p. 224.