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jusque-là, pour s’exiler à Québec. Elle n’entrait cependant pas en étrangère au couvent où on la plaçait, elle y était attendue ; on l’accueillit avec joie, car sa mère y avait été aussi élevée. Le souvenir de sa grand’mère, de sa bisaïeule, de ses tantes, de ses grand’tantes était encore vivant dans la communauté, et Mlle  de La Jemmerais y trouvait même l’une de ces dernières, la Mère Saint-Pierre. Cette vénérable religieuse, entrée au monastère le 10 juin 1694, à l’âge de vingt ans, y vécut soixante-dix ans dans la pratique parfaite de toutes les vertus. Avec quelle joie ne reçut-elle pas cette enfant, et avec quel soin ne cultiva-t-elle pas son intelligence si bien douée et son cœur déjà si bien préparé ! Il suffit de lire la page que les Ursulines consacrent à Mlle Dufrost, dans leurs annales, sous le titre : « Une femme forte au Canada, au dix-huitième siècle. » pour se rendre compte de l’impression qu’elle laissa dans le monastère.

« Une élève des plus distinguées de cette époque, » disent ces annales, « et qui exerça une influence bien marquée sur les temps qui ont suivi, est sans contredit Mlle de La Gesmerais. Elle était nièce, par sa mère, de nos sœurs de Boucherville, de Varennes et de Muy, et petite-nièce de notre mère Boucher de Saint-Pierre. Elle devint une de ces femmes fortes dont le Canada s’honore à si juste titre. Son éducation ne fut pas négligée et dès sa onzième année on l’envoyait à nos classes. Douce,