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madame d’youville

L’année suivante, MM. Raudot, père et fils, intervenaient de nouveau et écrivaient au Ministre : « La dame de La Jemmerais est entièrement dénuée de tout et chargée de six enfants. Nous vous supplions de vouloir bien lui accorder la pension du sieur Berthier, qui se trouve vacante par sa mort. »[1]

À la suite de ces sollicitations si justement appuyées par les autorités de la colonie, Mme de La Jemmerais obtint enfin, en 1714, cinquante écus, chiffre des pensions données alors aux veuves des officiers.

Mais les amis de la famille comprenaient qu’il fallait faire plus encore pour la veuve de M. de La Jemmerais. Ils voulaient procurer à l’aînée de ses enfants le bienfait d’une éducation soignée et chrétienne, et, grâce à eux, Marie-Marguerite fut placée chez les Ursulines de Québec.

Cette enfant de dix ans ne se sépara pas de sa mère, de ses frères et sœurs, sans en éprouver beaucoup de chagrin. À cet âge, le sentiment qui domine n’est-il pas de ne trouver beau et bon que ce que l’on peut goûter et admirer auprès de sa mère et des siens ? Avec sa mère, l’enfant possède tout et ne désire rien ; sans elle, qui peut le séduire ou le charmer ?

Ce ne fut donc pas sans tristesse, ni sans verser des larmes amères, que cette petite fille si affectueuse quitta tout ce que son cœur avait connu et aimé

  1. Archives de la Marine, Vie de Madame d’Youville, par M. Faillon, loc. cit.