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madame d’youville

bonne éducation qu’on lui avait donnée. On la vit devenir l’appui et la consolation de sa mère, dont elle possédait la confiance. Dès lors, on la vit s’efforcer, par son travail, de gagner de quoi faire subsister ses frères et sœurs et leur rendre tous les services dont elle était capable. Aussi eurent-ils toujours pour elle un attachement extraordinaire, attachement accompagné de respect et de confiance, persuadés qu’elle avait pour eux une affection vraiment tendre. C’était leur sœur par excellence. Étant tous parvenus à un âge mûr et ayant embrassé divers états, cette sœur bien-aimée était la dépositaire de leurs secrets.

« Dans leurs chagrins, c’était leur consolation : il leur semblait que sa présence seule adoucissait leurs maux ; dans leurs perplexités, c’était leur conseil : ils auraient cru commettre une imprudence s’ils eussent entrepris quelque chose de considérable sans la consulter. Point de compagnie qui valût pour eux celle de leur sœur et, même dans leurs plus grands embarras, ils trouvaient toujours le temps de s’entretenir avec elle. La haute idée qu’ils avaient de sa vertu leur donnait une grande confiance dans ses prières. Il est difficile d’exprimer quelle était leur inquiétude s’ils la savaient sérieusement malade et avec quelle sincérité ils prenaient part à toutes les croix de cette bonne sœur. »

Cette influence exercée par Mlle Dufrost dans sa famille, elle l’avait acquise dès le début de sa vie,