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en 1726. Le second, qui est cadet dans les troupes, mériterait bien une expectative d’enseigne en second, tant par rapport à lui, qui est un bon sujet, qu’en considération des services de feu Monsieur de La Jemmerais, son père. »[1]

Quoi qu’il en fût, le mariage de Mlle Dufrost fut rompu à cause du second mariage de sa mère, et l’on doit dire que ce fut la plus grande grâce de sa vie. En effet, combien l’existence de la Vénérable eût été différente si elle avait épousé le jeune homme de ses rêves et de son choix et si, tout en restant bonne épouse et bonne mère, elle se fût attachée à toutes ces choses qui forment le bonheur et au milieu desquelles l’âme se laisse endormir !

L’épreuve que Mlle Dufrost subit, dans cette circonstance, fut le premier anneau de la chaîne douloureuse et ininterrompue qui devait l’attacher de plus en plus à son Créateur, en la détachant chaque jour davantage de tout bien terrestre et mondain. Tout rentra dans le calme, après cet orage, au manoir de Varennes. Mlle Marguerite reprit ses occupations accoutumées et le temps, qui guérit toute blessure, fit oublier à la jeune fille son chagrin et ses espérances envolées.

Trois années s’étaient écoulées, depuis la rupture de ce mariage, lorsqu’un jour on apprit que Mlle Dufrost était fiancée à M. François d’Youville, gentilhomme de Ville-Marie.

  1. Archives de la Marine, Paris, 1727.