Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
madame d’youville

sive la délicatesse de ce jeune homme ou de sa famille, qui consentit à rompre une alliance si convenable pour un motif dont la fiancée n’était aucunement responsable.

Quelle que soit la vérité sur les antécédents de M. Sullivan, nous devons supposer que sa conduite s’était améliorée, puisque l’on trouve plus tard, dans les Archives de la Marine et dans les lettres de M. de Vaudreuil, des appréciations très favorables sur le beau-père de Mlle Dufrost, qui changea insensiblement, dit M. Faillon, son nom de Sullivan en celui de Sylvain, que les Canadiens prononçaient plus facilement. « À l’égard du sieur Sylvain, médecin du roi à Montréal, » écrivait le ministre à M. de Beauharnois, « je ne sais si vous êtes bien informé de ses talents. Les principaux officiers de Montréal, les ecclésiastiques et les religieuses de l’Hôtel-Dieu en ont rendu des témoignages très avantageux. » Mme la marquise de Vaudreuil écrivait aussi, en 1727, au ministre de la Marine : « Le sieur Sylvain, gentilhomme irlandais, dont le père était aussi médecin, ayant épousé la veuve de M. de La Jemmerais, capitaine, qui avait six enfants, sans un sol de bien, en a usé pour cette famille en vrai père. Il s’est privé de son nécessaire pour élever ces enfants et leur donner toute l’éducation qu’il lui a été possible. Il a fait prêtre l’aîné, Charles Dufrost de La Jemmerais, ordonné