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madame d’youville

Ce fut le 12 août 1722 que M. d’Youville conduisit sa fiancée à l’autel dans l’église paroissiale de Notre-Dame de Ville-Marie.

S’il est beau de voir s’agenouiller aux pieds du Dieu Créateur deux jeunes époux qui viennent le prendre à témoin de leurs serments d’amour et de fidélité, l’expérience de la vie permet cependant de compter tant de déceptions et de tristesses que l’on peut toujours se demander, au passage de ces deux êtres qui viennent de se lier pour jamais, si cette joie qui s’exhale du riant défilé d’une noce aura plus qu’un court lendemain. Hélas ! ne savons-nous pas que trop souvent le bonheur passe aussi rapidement que les fleurs qui parent la mariée et qu’avant même de se flétrir la couronne d’oranger, changée en épines, meurtrira le front de la jeune femme ?

Nous verrons que celle dont nous relatons la vie put compter ses jours heureux. En effet, Mme d’Youville fut de celles chez qui ni la beauté, ni la jeunesse, ni la tendresse, ni la vertu ne furent assez puissantes pour enchaîner un cœur inconstant.

Mme d’Youville, après son mariage, n’eut pas la joie de s’installer chez elle, dans cet intérieur que la jeune femme se plaît à embellir et à orner et dont elle sait le plus souvent faire un séjour agréable, où le mari aime à se retrouver entouré de soins et d’affection. Que de ménages n’auraient pas eu une existence aussi ensoleillée si, au début, l’homme n’avait pas été enchaîné par ces mille riens