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Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/99

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madame d’youville

neige et voulant grouper ses pauvres autour d’elle pour les consoler et les encourager.

Cependant, si la plupart des spectateurs vinrent lui témoigner leur sympathie et lui offrir des secours, elle eut la douleur d’entendre aussi des observations d’une malveillance cruelle, comme celle-ci : « Voyez-vous cette flamme violette ? C’est l’effet de l’eau-de-vie destinée aux sauvages, qui brûle aujourd’hui. » Comme on le voit, les calomnies d’autrefois retrouvaient encore un lointain écho.

Cet incendie avait mis Mme d’Youville dans un grand embarras ; fort heureusement un riche négociant de Ville-Marie, M. Fonblanche, vint lui offrir une maison. Des personnes charitables lui prêtèrent des lits et des meubles ; le Séminaire pourvut à sa nourriture pendant plus de quinze mois. Mais la maison de M. Fonblanche étant trop petite pour contenir Mme d’Youville, ses compagnes et ses pauvres, elle fut forcée de louer une maison plus spacieuse pour trois ans. À peine y était-elle installée que le gouverneur de Ville-Marie, M. Boisberthelot de Beaucourt, lui ordonna d’en sortir. Voulant avoir cette maison pour lui, il alla même jusqu’à la menacer de la faire chasser par ses gardes, si elle ne voulait pas la quitter au plus tôt ; il ajouta que cette maison était beaucoup plus convenable à un gouverneur qu’à de pauvres filles comme elles.[1]

Mme d’Youville allait se trouver sans asile lors-

  1. M. Faillon, p. 52 et 53.