Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/134

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ordinaire ; quoique cela leur donne une apparence un peu massive, il me semble qu’elles n’en sont que plus commodes.

Les Français ont donné dans l’autre extrême ; leur pièce d’or de cinq francs est très-mince, et d’un diamètre de 17 millimètres environ, tandis que le dollar américain, qui a plus de valeur, n’a guère que treize millimètres de diamètre.

La dimension maximum des monnaies a sans doute été déterminée surtout par les difficultés pratiques du monnayage. La plus grande pièce qui ait eu une circulation très-étendue, est peut-être le dollar de Marie-Thérèse, dont le diamètre est de 41 millimètres. Les autres espèces de dollars les plus communes sont un peu plus petites ; ainsi le dollar espagnol de 1858 mesure 37 millimètres ; le dollar américain de 1846, l’espagnol de 1870, le mexicain de 1872 mesurent de 37 à 38 millimètres. Le diamètre moyen des dollars que j’ai examinés est de 38 1/2 millimètres. Dans leurs plus fortes pièces d’or les Américains conservent une épaisseur peu ordinaire. Ainsi le double aigle, quoiqu’il vaille plus de quatre livres sterling, n’a que 34 millimètres de diamètre. Le diamètre de la belle pièce autrichienne de quatre ducats dépasse celui du double aigle, bien que la pièce contienne moitié moins d’or fin.

le frai ou l’usure des monnaies

Il faut tenir compte des détériorations que les pièces subissent par le frai et le frottement. Pour les pièces d’or, la perte de métal due à cette cause est importante, et amène, ainsi que nous l’avons vu (p. 61 et 92), une dépréciation graduelle de la monnaie. Comme les pièces passent fréquemment de main en main, la quantité de métal ainsi enlevée sera presque la même pour chaque pièce du même type, et chaque année de circulation. La perte sera proportionnelle à la durée de l’usage. Actuellement la loi anglaise reconnaît qu’un souverain a cours forcé, tant qu’il pèse 122 grains 5 ou davantage, et la différence de 0 grain 774, qui existe entre ce poids et le poids normal, représente la tolérance accordée pour le frai. Or, d’après des expériences décrites dans un travail lu à la Société de statistique de Londres en novembre 1868 (Journal of the Statistical Society, déc. 1868, vol. XXXI,