Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/257

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anglais pour faire du commerce avec les états secondaires de l’Europe, de l’Amérique du Sud, de la Chine ou de l’Orient. Outre ces 60 banques, il y a au moins un millier de maisons de banque étrangères ou coloniales, qui sont en correspondance avec des banquiers de Londres ; de sorte qu’il n’est pour ainsi dire pas de ville au monde capable d’entretenir une seule banque, qui n’ait les moyens de correspondre avec quelque organe du système de banques de Londres. Les banquiers étrangers opèrent des transactions dont l’importance est fort variable, et quelques-uns d’entre eux devraient, d’après nos idées anglaises, être considérés plutôt comme des commerçants que comme des banquiers ; mais au total leurs transactions doivent être extrêmement importantes. Il doit en résulter, d’une manière presque inévitable, que les transferts d’argent se feront de plus en plus par l’intermédiaire de Londres. De même que cette ville est déjà le lien qui rattache les uns aux autres tous les banquiers des provinces d’Angleterre, elle peut devenir et deviendra probablement petit à petit le lien qui rattachera les parties du monde les plus éloignées. Mais plus nous voyons augmenter le fardeau lucratif des affaires financières qui pèsent sur Lombard Street et Threadneedle Street, plus nous devons faire nos efforts pour que notre système de circulation repose sur les bases les plus solides possible. Il faut aussi que nos banquiers, nos financiers et nos commerçants règlent leurs opérations avec une intelligence complète du système immense dans lequel ils jouent un rôle, et des risques d’affaiblissement et de décadence auxquels ils s’exposent par une concurrence trop acharnée. Personne n’ignore que des symptômes alarmants se sont, dans ces dernières années, manifestés sur le marché monétaire de Londres. Il y a tendance à des disettes fréquentes et rigoureuses du capital disponible, qui causent dans le taux de l’intérêt des variations presque inconnues il y a trente ans. Je présenterai donc, dans le chapitre suivant, quelques remarques destinées à montrer le danger qui résulte de l’économie excessive de métaux précieux, économie que la perfection croissante de notre système de banque permet de réaliser, mais qui pourrait être poussée trop loin et amener de terribles désastres.