Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/264

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repose tout l’édifice du crédit glisse, se dérobe, et produit cet écroulement subit qu’on appelle une crise commerciale. Or ce qui est vrai du crédit en général est plus vrai encore de la forme spéciale que prend le crédit dans les billets de banque. Ils promettent d’être payables en or à présentation, de sorte que tout le monde les reçoit comme équivalant à des espèces. Les lettres de change mêmes peuvent être payées en billets, et dans le commerce intérieur on ne trouverait aucune difficulté à maintenir le crédit, tant que des promesses de payer de l’or circuleraient au lieu d’or. Mais les étrangers ne considéreront pas ces promesses du même œil, et si les échanges sont à notre désavantage, c’est la partie métallique de notre circulation, et non le papier, qui sera exportée. C’est à ce moment-là que les banquiers ne trouveront aucune difficulté à augmenter leur émission, parce que beaucoup de personnes ont des créances à réclamer en or, et que les billets sont regardés comme de l’or. Les billets rempliront ainsi commodément le vide occasionné par l’exportation des espèces ; les prix se soutiendront, la prospérité se maintiendra, la balance du commerce extérieur sera encore contre nous, et le jeu qui consiste à remplacer l’or par des promesses atteindra des proportions illimitées, jusqu’à ce qu’il devienne réellement impossible de trouver encore de l’or pour faire à l’étranger les paiements nécessaires.

Le professeur Cliffe Leslie a dit, avec raison, je pense, dans le Macmillan’s Magazine du mois d’août 1864, que le crédit de spéculation élève souvent les pris, pour quelque temps, au-dessus de leur cours naturel. Selon lui, au contraire, le crédit représentatif, et je suppose qu’il entend par là des billets émis contre un dépôt réel de métal, n’augmente pas forcément la masse de la monnaie ; il ne peut avoir aucun effet pour élever les prix au-dessus du niveau qu’ils atteindraient avec un système purement métallique.

La disparition réelle des lingots dans un pays n’est pas un événement purement imaginaire ; il est arrivé en Angleterre, l’an 1839, sous le système de libre émission. La banque d’Angleterre s’était défaite de presque tous ses lingots, et ne fut sauvée de la banqueroute que par l’expédient ignominieux d’un emprunt considérable à la Banque de