Il peut arriver qu’une substance, employée à l’origine à des usages divers, finisse par servir uniquement en qualité de monnaie, et que cependant, par suite de cet emploi et par la force de l’habitude, elle conserve sa valeur. Tel est probablement le cas pour les cauris. L’importance de l’habitude, personnelle ou héréditaire, est au moins aussi grande dans la science monétaire qu’elle l’est, suivant M. Herbert Spencer, en morale, et dans les phénomènes sociologiques en général.
Il n’y a cependant aucune raison de supposer que la valeur de l’or et de l’argent soit uniquement due, de nos jours, à leur emploi conventionnel comme monnaie. Ces métaux possèdent des propriétés si remarquables et si utiles que, si nous pouvions seulement nous les procurer en quantité suffisante, ils remplaceraient tous les autres métaux dans la confection des ustensiles domestiques, des ornements, et d’une multitude de petits objets que l’on fait maintenant en cuivre, en laiton, en bronze, en étain, ou en quelques autres métaux ou alliages de qualité inférieure.
Afin que la monnaie puisse remplir d’une manière satisfaisante quelques-unes de ses fonctions, faciliter par exemple les échanges comme intermédiaire, ou accumuler la richesse, ou la transporter, il importe qu’elle soit composée d’une substance très-appréciée dans toutes les parties du monde, et, si faire se peut, presque également estimée par tous les peuples. Il y a des raisons de penser que l’or et l’argent ont été admirés et appréciés par toutes les tribus qui étaient assez heureuses pour se les procurer. L’éclat et la beauté de ces métaux doivent avoir attiré l’attention et excité l’admiration dans les temps les plus anciens aussi bien qu’à l’époque actuelle.
La matière de la monnaie ne doit pas seulement avoir de la valeur ; cette valeur doit encore être dans un tel rapport avec le poids et la masse de la matière, que la monnaie ne soit ni trop gênante par son poids d’un côté, ni de l’autre incommode par ses dimensions trop exiguës. La tradition