Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/58

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Sauf la petite dépense qu’exigerait le renouvellement des coins, je ne vois aucune objection à l’émission d’une monnaie historique,

le monnayage considéré comme attribut du souverain.

Toute communauté civilisée a besoin d’être fournie de monnaies bien exécutées, ce qui soulève cette question : comment assurer la production de ces monnaies ? Les pièces de chaque genre doivent contenir des poids exactement égaux de métal pur, et porter une empreinte qui constate ce poids. Peut-on se fier à la concurrence ordinaire des manufacturiers et des industriels pour assurer la production d’une quantité suffisante de semblables monnaies, comme s’il s’agissait de boutons, d’épingles et d’aiguilles ? Ou devons-nous établir un service public, soumis à un contrôle législatif sévère, pour assurer un bon monnayage ?

Comme il n’est pas d’opinion qui ne trouve un avocat, il s’est rencontré quelques personnes pour penser que le monnayage devait être abandonné à l’action de la libre concurrence. M. Herbert Spencer, particulièrement dans sa « Social Statics, » a soutenu cette doctrine. De même, dit-il, que nous nous fions à l’épicier pour nous fournir du thé, et au boulanger pour nous fournir du pain, nous pourrions nous fier à la maison Heaton et Fils, ou de même à quelque autre maison entreprenante de Birmingham qui nous fournirait les souverains et les shellings à ses risques et périls. Il était convaincu que, comme le public s’adresse de préférence à l’épicier qui vend du thé de bonne qualité, et au boulanger dont le pain est bon et pèse le poids, de même le monnayeur honnête et habile prendrait possession du marché, et que sa monnaie en chasserait les produits inférieurs.

Bien que je doive toujours un profond respect aux opinions d’un penseur aussi éminent que M. Spencer, je pense qu’à ce sujet il applique un principe général à un cas exceptionnel auquel il n’est nullement applicable. Il a négligé l’importante loi de Gresham (qui sera expliquée au chapitre suivant), loi d’après laquelle la bonne monnaie ne peut chasser la mauvaise. En matière de numéraire, l’intérêt personnel