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ISÈRE.

tres cannelés dont les chapiteaux ainsi que les croisillons des fenêtres sont admirablement sculptés. Au rez-de-chaussée, un passage, conduisant de la place Saint-André à la place des Cordeliers, divise le palais en deux parties, l’une réservée à la cour d’appel, l’autre au tribunal civil. Dans la première, on visite deux belles salles du temps de Louis XIV : la première chambre (sculptures modernes par des artistes dauphinois) ; la chambre des audiences solennelles, longue de 20 mèt. (boiseries du plafond représentant en ronde-bosse un soleil et la devise de Louis XIV : Nec pluribus impar). Dans le bâtiment affecté au tribunal civil se trouve l’ancienne salle des comptes, aujourd’hui la première chambre du tribunal civil. De magnifiques boiseries, du règne de Charles VIII, en ornent trois côtés. Le couronnement de la cheminée « est formé d’un large dais surmonté par de nombreux clochetons d’un beau gothique fleuri : deux niches, adossées à des colonnes fasciculées, soutiennent de chaque côté ce couronnement. Dans chacune de ces niches une statue en bois représente un homme d’armes ». La boiserie du plafond date du xviie s., ainsi que la corniche et les panneaux des fenêtres.

L’hôtel de ville, ancien hôtel du connétable de Lesdiguières, n’a de remarquable qu’une tour et une tourelle bâties sur des fondations romaines. – La préfecture (style de la Renaissance), sur la place d’armes, a coûté 1,404,000 fr. — Le bel hôtel de la succursale de la Banque de France, l’école d’artillerie, les casernes monumentales d’artillerie, l’hôtel de la division militaire, l’hôtel des Facultés, le théatre, le temple protestant, l’hôtel du général d’artillerie, la trésorerie générale et l’édifice destiné au musée et à la bibliothèque (il a coûté plus de 1,500,000 fr.) sont des édifices modernes. — La bibliothèque, dont on remarque surtout les coupoles vitrées, est la 6e de France par l’importance, et la 2e au point de vue des richesses théologiques (168,000 volumes ; 10,500 médailles). On y remarque : un petit musée égyptien, un magnifique bahut, une très-belle sculpture du xiiie s., et, parmi les manuscrits, les poésies de Charles d’Orléans, un très-beau manuscrit chinois et une bible latine du xiie s. — Le cabinet d’antiquités (17,000 pièces) est contigu à la bibliothèque. – Le musée de peinture est l’un des premiers de la province. Parmi les peintres qui y sont représentés, nous signalerons : pour l’école italienne, Bonifazio, Bronzino, Paul Véronèse, le Pordenone, Tintoret, Raphaël (copie de l’École d’Athènes attribuée à Nicolas Poussin), le Pérugin, le Dominiquin (Sainte Cécile, copie par Lagrenée) ; pour l’école espagnole, Ribéra (Saint Barthélémy sur le point de souffrir le martyre) ; pour les écoles allemande, flamande et hollandaise, Philippe de Champaigne, Crayer, Hobbema, Jordaëns, Van der Meulen, Rubens (Saint Grégoire, pape, l’une des plus belles toiles du maître), Snyders, Terburg ; pour l’école française, Biennoury, Séb. Bourdon, François Desportes, Claude Lorrain, Jean Jouvenet, Lesueur, Rigaud, Simond Vouet, Eugène Delacroix. Grenoble possède aussi un musée de sculpture et un musée archéologique. — Le musée d’histoire naturelle (collection complète de la faune, de la flore et de la minéralogie dauphinoise) est annexé au jardin des plantes.

Nous signalerons encore : la place Grenette et son château d’eau orné de dauphins, par M. Sappey ; — la place Saint-André et la statue de Bayard mourant par Raggi ; — la fontaine Saint-Laurent (un lion triomphant d’un serpent), par Sappey ; — la place d’Armes (vue magnifique sur toutes les montagnes des environs) ; — la place et la statue de Vaucanson ; — les quais et les ponts ; — la nouvelle façade de l’hôpital, ornée de bas-reliefs par Irvoy ; — l’avenue de la Gare, au milieu de laquelle s’élève la porte Randon, etc.

Les principales promenades de Grenoble sont, outre les quais, les boulevards et le jardin des plantes : le jardin de ville, ancien jardin de l’hôtel Lesdiguières (statue d’Hercule au repos, par J. Richier ; belles terrasses, dont une plantée de marronniers séculaires) ; le cours Saint-André, composé