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CLEOPATRE
CAPTIVE


TRAGEDIE.



Prologve.


Puis que la terre (ô Roy, des Rois la crainte),
Qui ne refuse estre à tes loix estrainte,
De la grandeur de ton sainct nom s’estonne,
Qu’elle a gravé dans sa double colonne ;
Puis que la mer, qui te fait son Neptune, (5)
Bruit en ses flots ton heureuse fortune,
Et que le ciel riant à ta victoire
Se voit mirer au parfait de ta gloire,
Pourroyent vers toi les Muses telles estre,
De n’adorer et leur pere et leur maistre ? (10)
Pourroyent les tiens nous celer tes loüanges,
Qu’on oit tonner par les peuples estranges ?
Nul ne sçaurait tellement envers toy
Se rendre ingrat, qu’il ne chante son Roy.
Les bons esprits que ton père forma, (15)
Qui les neuf Sœurs en France ranima,