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le bravade
- N’appartenoit sinon qu’à sa ville orgueilleuse,
- Qui se rendit alors d’avantage haineuse ?
- Pourrois-je oublier mille et mille et mille choses, (155)
- En qui l’amour pour moy a ses paupieres closes,
- En cela mesmement que pour ceste amour mienne
- On luy veit delaisser l’Octavienne sienne ?
- En cela que pour moy il voulut faire guerre
- Par la fatale mer, estant plus fort par terre ? (160)
- En cela qu’il suivit ma nef au vent donnee,
- Ayant en son besoin sa troupe abandonnee ?
- En cela qu’il prenoit doucement mes amorces,
- Alors que son Cesar prenoit toutes ses forces ?
- En cela que feignant estre preste à m’occire, (165)
- Ce pitoyable mot soudain je luy feis dire :
- "O Ciel faudra-t-il donc que, Cleopatre morte,
- Antoine vive encor ? Sus, sus, Page, conforte
- Mes douleurs par ma mort." Et lors, voyant son page
- Soy mesme se tuer : " Tu donnes desmoignage, (170)
- O Eunuque (dit-il), comme il faut que je meure ! "
- Et, vomissant un cri, il s’enferra sur l’heure.
- Ha ! Dames ! a, a ! faut-il que ce malheur je taise ?
- Ho ! oh ! retenez-moy, je… je…
CHARMIUM.
- Mais quel mal-aise (175)
- Pourroit estre plus grand ?
ERAS.
- Soulagez votre peine,
- Efforcez vos esprits.
CLEOPATRE.
- Las, las !
CHARMIUM.
- Tenez