Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

terre honnorable, (375)

Ce pays fortuné,
Helas ! voit peu durable
Son heur importuné.
Telle est la destinee
Des immuables Cieux, (380)
Telle nous est donnee
La defaveur de Dieux.

ACTE II


OCTAVIEN, AGRIPPE, PROCULEE.


OCTAVIEN
En la rondeur du Ciel environnee
A nul, je croy, telle faveur donnee
Des Dieux fauteurs ne peut estre qu’à moy : (385)
Car outre encor que je suis maistre et Roy
De tant de biens, qu’il semble qu’en la terre
Le Ciel qui tout sous son empire enserre
M’ait tout exprés de sa voûte transmis
Pour estre ici son general commis, (390)
Oustre l’espoir de l’arriere memoire
Qui aux neveux rechantera ma gloire,
D’avoir Antoine, Antoine, dis-je, horreur
De tout ce monde, accablé la fureur,
Outre l’honneur que ma Romme m’appreste (395)
Pour le guerdon de l’heureuse conqueste,
Il me semble ja que le Ciel vienne tendre
Ses bras courbez pour en soy me reprendre,
Et que la boule entre ses ronds enclose
Pour un Cesar ne soit que peu de chose ; (400)
Or’ je desire, or’ je desire mieux,
C’est de me joindre au sainct nombre des Dieux.