Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/168

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Tant que le Ciel commande,

En bas n’est devallant ;
Et quand il y devalle,
Sans aucun mal souffrir, (340)
D’un sommeil qu’il avalle,
A mieux il va s’offrir.
Mais si la destinée,
Arbitre d’un chacun,
A sa chance tournee (345)
Contre l’heur de quelqu’un,
Le sceptre, sous qui ploye
Tout un peuple submis,
Est force qu’il foudroye
Ses mutins ennemis. (350)
La volage richesse,
Appuy de l’heur mondain,
L’honneur et la hautesse
Refuyant tout soudain,
Bref, fortune obstinee, (355)
Ny le temps tout fauchant,
Sa rude destinee
Ne vont point empeschant.
Des hauts Dieux la puissance
Tesmoigne assez ici, (360)
Que nostre heureuse chance
Se precipite ainsi.
Quel estoit Marc Antoine ?
Et quel estoit l’honneur
De nostre brave Roine, (365)
Digne d’un tel donneur ?
Des deux l’un miserable,
Cedant à son destin,
D’une mort pitoyable

Vint avancer sa fin : (370)

L’autre encore craintive
Taschant s’évertuer,
Veut, pour n’estre captive,
Librement se tuer.
Ceste