Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/183

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benefice.
Pourtant, Cesar, s’il est à moy possible
De tirer hors d’une ame tant passible
Ceste voix rauque à mes souspirs meslee,
Escoute encor l’esclave desolee,
Las ! qui ne met tant d’espoir aux paroles
Qu’en ta pitié, dont ja tu me consoles.
Songe, Cesar, combien peult la puissance
D’un traistre amour, mesme en sa jouyssance,
Il pense encor que mon foible courage
N’eust pas souffert sans l’amoureuse rage,
Entre vous deux ces batailles tonantes,
Dessus mon chef à la fin retournantes.
Mais mon amour me forçoit de permettre
Ces fiers debats, et toute aide promettre,
Veu qu’il fallait rompre paix et combattre,
Ou separer Antoine et Cleopatre.
Separer, las ! ce mot me fait faillir,
Ce mot le fait par la Parque assaillir.
A a ! a a ! Cesar, a a !

OCTAVIEN.
Si je n’estois ore
Assez bening, vous pourriez feindre encore
Plus de douleurs, pour plus bening me rendre :
Mais quoyu, ne veux-je à mon merci vous prendre ?

CLEOPATRE.
Feindre, helas, ô !

OCTAVIEN.
Ou tellement se plaindre
N’est que mourir, ou bien ce n’est que feindre.

LE CHŒUR.
La douleur
Qu’u