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Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/187

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u’à vous,
Vous le paissiez de ruse et de finesses,
De mille et mille et dix mille caresses ?
Tantost au lict exprés emmaigrissiez,
Tantost par feinte exprés vous pallissiez ?
Tantost vostre œil vostre face baignoit,
Dés qu’un ject d’arc de luy vous esloignoit,
Entretenant la feinte et sorcelage,
Ou par coustume, ou par quelque breuvage ;
Mesme attiltrant vos mais et flatteurs
Pour du venin d’Antoine estre fauteurs,
Qui l’abusoiyent sous les plaintes frivoles,
Faisant ceder son proffit aux paroles.
Quoy ? disoient-ils, estes vous l’homicide
D’un pauvre esprit, qui vous prend pour sa guide ?
Faut-il qu’en vous la Noblesse s’offense,
Dont la rigueur à celle la ne pense,
Qui fait de vous le but de ses pensees ?
O ! que son mal envers vous addressees !
Octavienne a le nom de l’espouse,
Et ceste ci, dont la flame jalouse
Empesche assez la viste renommee,
Sera l’amie en son pays nommee,
Ceste divine, à qui rendent hommage
Tant de pays joints à son heritage.
Tant peurent donc vos mines et addresses,
Et de ceux la les plaintes flatteresses,
Qu’Octavienne, et sa femme et ma sœur,
Fut dechassee, et dechassa votre heur.
Vous taisez-vous, avez-vous plus desir,
Pour m’appaiser, d’autre excuse choisir ?
Que diriez-vous du tort fait aux Rommains,
Qui s’enfuyoient secrettement des mains
De vostre Antoine, alors que vostre rage
Leur redoubloit l’outrage sus l’outrage ?
Que diriez-vous de ce beau testament,
Qu’Antoine avoit remis secrettement
Dedans les mains des pucelles Vestales ?
Ces maux estoyent les conduites fatales