Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n courage,
Te descouvrant et maint et maint image
De ce tien pere, à celle-la loyal,
Qui de son fils recevra tout son mal ?
Celuy souvent trop tost borne sa gloire,
Qui jusqu’au bout se vange en sa victoire.
Prens donc pitié ; tes glaives triomphans
D’Antoine et moy pardonnent aux enfans.
Pourrois-tu voir les horreurs maternelles,
S’on meurdrissoit ceux que ces deux mammelles,
Qu’ores tu vois maigres et déchirees
Et qui seroient de cent coups empirees,
Ont allaicté ? Oserois-tu mesmement
Des deux costez le dur gemissement ?
Non, non Cesar, contente toy du pere,
Laisse durer les enfans et la mere
En ce malheur, où les Dieux nous ont mis,
Mais fusmes nous jamais tes ennemis
Tant acharnez que n’eussions pardonné,
Si le trophee à nous se fust donné ?
Quant est de moy, en mes fautes commises,
Antoine estoit chef de mes entreprises,
Las, qui venoit à tel malheur m’induire ;
Eussé-je peu mon Antoine esconduire ?

OCTAVIEN.
Tel bien souvent son fait pense amender,
Qu’on voit d’un gouffre en un gouffre guider :
Vous excusant, bien que vostre advantage,
Vous y mettiez, vous nuisez davantage,
En me rendant par l’excuse irrité,
Qui ne suis point qu’ami de verité.
Et si convient qu’en ce lieu je m’amuse
A repousser ceste inutile excuse ;
Pourriez-vous bien de ce vous garentir
Qui fit ma sœur hors d’Athenes sortir,
Lors que, craignant qu’Antoine, son espoux,
Plus se donnast à sa femme q