Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


OCTAVIEN.
O quel grinsant courage !
Mais rien n’est plus furieux que la rage
D’un cœur de femme. Et bien, quoy, Cleopatre ?
Estes vous point ja saoule de le battre !
Fuy t’en, ami, fuy t’en.

CLEOPATRE.
Mais quoy, mais quoy ?
Mon Empereur, est-il un tel esmoy
Au monde encore que ce paillard me donne ?
Sa lacheté ton esprit mesme estonne,
Comme je croy, quand moy, Roine d’ici,
De mon vassal suis accusee ainsi,
Que toy, Cesar, as daigné visiter,
Et par ta voix à repos inciter,
Hé ! si j’avois retenu des joyaux,
Et quelque part de mes habits royaux,
L’aurois-je fait pour moy, las, malheureuse !
Moy, qui de moy ne suis plus curieuse ?
Mais telle estoit ceste esperance mienne
Qu’à ta Livie et ton Octavienne
De ces joyaux le present je feroy,
Et leur pitié ainsi pourchasseroy
Pour (n’estant point de mes presens ingrates)
Envers Cesar estres mes advocates.

OCTAVIEN.
Ne craignez point, je veux que ce thresor
Demeure vostre : encouragez-vous or’,
Vivez ainsi en la captivité
Comm’au plus haut de la prosperité.
Adieu : songez qu’on ne peut recevoir
Des maux, sinon quand on pense en avoir.
Je m’en