Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 1, éd. Marty-Laveaux, 1868.djvu/208

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De ton deuil la plainte rendre,

Veu que, helas ! tant douloureuse,
De ton support le plus fort
Tu ne remets qu’en la mort,
Mort, helas ! à nous heureuse ?

Mais prens, prens donc ceste envie
Sur le plus blanc des oiseaux,
Qui sonne au bord de ses eaux
La retraite de sa vie.

Et en te débordant mesme,
Despite moy tous les cieux,
Despite moy tous leurs Dieux,
Autheurs de ton mal extreme.

Non, non, ta douleur amere,
Quand j’y pense, on ne peut voir
Si grande, que quelque espoir
Ne te reste en ta misere.

Ta Cleopatre ainsi morte
Au monde ne perira :
Le temps la garantira,
Qui desja sa gloire porte,

Depuis la vermeille entree
Que fait ici le Soleil,
Jusqu’au lieu de son sommeil
Opposez à ma contree.

Pour avoir, plustost qu’en Romme
Se souffrir porter ainsi,
Aimé mieux s’occire ici,
Ayant un cœur plus que d’homme.

PROCULEE.
Que diray-je à César ? ô l’horreur
Qui sortira de l’estrange fureur !
Que dira-t-il de mourir sans blessure
En telle sorte ? Est-ce point par morsure
Se quelque Aspic ? auroit-ce point esté
Quelque venin secrettemen