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le robinson suisse.

tant de brusquerie, qu’ils renversèrent Jack et sa brouette ; ils reçurent de lui deux coups de poing qui ne les empêchèrent pas de revenir à la charge dès qu’il eut repris sa brouette.

Ma femme me demanda ce que je prétendais faire des râpes à tabac que nous lui apportions. Je la tranquillisai à cet égard, l’assurant que je n’avais pas de tabac, et que j’étais trop heureux d’être délivré de cette mauvaise habitude pour vouloir la reprendre de nouveau.

Les enfants allèrent, suivant mon conseil, attacher un à un par la patte nos manchots à autant d’oies et de canards pour les apprivoiser ensemble. Il faut avouer que ni les uns ni les autres ne paraissaient contents d’être ainsi forcément des compagnons inséparables. Ma femme me montra une bonne provision de pommes de terre et de manioc ramassée par elle et les deux enfants en notre absence ; je la remerciai de ce soin et félicitai le petit François et Ernest, qui l’avaient aidée.

« Vous serez encore bien plus content, cher papa, dit le petit François, quand vous verrez bientôt pousser du maïs, des courges, des melons, de l’avoine, que maman a semés dans les trous que nous avons faits en arrachant les pommes de terre.

ma femme. — Petit bavard ! pourquoi ne peux-tu pas garder le moindre secret ? Tu m’ôtes à l’avance le plaisir que j’aurais eu à voir la surprise de ton père quand il aurait été témoin des résultats de ma plantation.

moi. — Je regrette, chère amie, que tu n’aies pas cette satisfaction de plus ; mais sois sûre que je ne t’en suis pas moins reconnaissant. Où donc as-tu eu toutes ces graines ? comment t’est venue l’heureuse idée de les semer ?

ma femme. — J’ai pris les graines et les semences dans mon sac mystérieux. Je me suis dit que vous n’auriez guère le temps maintenant de vous occuper de la culture à cause de vos fréquents voyages au navire, et qu’ainsi toute la bonne