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le robinson suisse.

saison se passerait inutilement sous ce rapport ; j’ai donc fait moi-même mes semences.

moi. — Très-bien, ma chère amie. Notre voyage d’aujourd’hui a été heureux : nous avons découvert une pinasse démontée qui pourra nous servir plus tard.

ma femme. — Tu penses donc à de nouvelles courses en mer ? En vérité, je ne saurais être très-contente de votre découverte. Cependant, si ces courses sont nécessaires, mieux vaut avoir un bon et solide bateau que des cuves attachées à des planches.

moi. — Point d’inquiétudes prématurées ! Veux-tu nous donner à souper ? J’espère que demain les enfants seront moins paresseux que ce matin : j’ai un nouveau métier à leur apprendre. »

Ces derniers mots excitèrent leur curiosité à un très-haut point, mais je me gardai bien de la satisfaire. Aux premières lueurs du jour, je réveillai mes enfants en leur rappelant ma promesse du soir précédent. Ils ne l’avaient pas oubliée de leur côté, car ils s’écrièrent tous : « Eh bien, papa, le nouveau métier ! le nouveau métier ! quel est-il ?

moi. — Celui de boulanger, mes amis. Je ne le connais pas mieux que vous, mais avec le temps nous parviendrons à faire d’excellent pain. Donnez-moi les plaques de fer et les râpes à tabac.

ma femme. — À quoi pourront te servir ces plaques de fer et ces râpes ? Il vaudrait mieux avoir un four.

moi. — Ces plaques de fer remplaceront le four. Je ne promets pas des pains bien ronds, ni irréprochables sous tous les rapports, mais des espèces de gâteaux plats et de forme plus ou moins régulière. Les racines d’Ernest nous seront utiles. D’abord je voudrais avoir un petit sac de toile bien forte. »

Ma femme, un peu défiante de mes talents pour la boulangerie, mit sur le feu une grande chaudière pleine de