moi. — Peut-être le sorcier mystérieux qui nous envoie ces noix a-t-il plutôt l’intention de nous casser la tête que de nous régaler. C’est, sans doute, un singe méchant qui nous guette. »
Fritz se rapprocha de nous sur ces entrefaites, et deux noix qui tombèrent en cet instant lui écorchèrent les joues.
« Je te découvrirai, maudit sorcier ! » s’écria-t-il.
En effet, il ne tarda pas à nous montrer un vilain crabe de terre, de forme ronde, assez semblable à un homard, et qui descendait doucement le long du tronc de l’arbre.
Ce crabe est connu sous le nom de pagure voleur ou de crabe à coco. Il monte jusque dans le chou du palmier, coupe avec ses pinces un certain nombre de grappes de coco, puis retourne à terre pour sucer tranquillement le lait des noix à travers les trous situés près de la queue. Certains naturalistes prétendent même que ses pinces sont assez fortes pour en briser la dure enveloppe.
Dès que le crabe fut à terre, Jack s’élança vers lui pour le tuer à coups de crosse de fusil. Il le manqua, et le crabe s’avança à son tour vers lui, avec ses pinces ouvertes et menaçantes. Jack, furieux de voir son adversaire échapper à plusieurs attaques, eut recours à la ruse : ayant ôté sa veste, il en couvrit le crabe.
Jack s’était montré courageux et habile ; je vins mettre fin à la lutte en tuant le hideux animal avec ma hache.
« Quelle vilaine bête ! s’écria Jack, je suis fier d’avoir délivré la terre d’un pareil monstre.
moi. — Allons, allons, mon petit Hercule ; il y a des millions d’autres crabes sur les bords de la mer qui sont réservés à ton bras exterminateur. Tu mangeras à dîner un peu de ton crabe, si sa viande ne te semble ni trop dure ni trop indigeste. »
Nous continuâmes notre route ; la chaleur devenait insupportable ; nous commencions déjà à souffrir de la soif, quand le naturaliste Ernest, toujours occupé à étudier les plantes,